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Le blog artistique de Michel Théron
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Les Impasses de l'Art moderne : Désamorçage

Les Impasses de l'Art moderne : Désamorçage

Désamorçage

C’

est le sort de beaucoup d’œuvres artistiques, critiques à l’origine, mais aussitôt récupérées par l’objet même de leur critique, et ainsi rendues inoffensives et insignifiantes.

C’est à quoi j’ai pensé en revoyant à la télévision le film de Jan Kounen, 99 francs, sorti en 2007, à partir d’un roman de Frédéric Beigbeder. C’est une satire au vitriol du monde de la publicité, et par-delà du consumérisme et de la civilisation capitaliste. On pense aux thèses de Guy Debord sur la société du spectacle, aux Choses de Perec, ou à ce que dit Baudrillard dans Le Système des objets : la consommation est une pratique idéaliste totale, et abstraite en ce que s’y consomme sa seule idée même, aucun contact réel avec les choses ne pouvant s’y faire.

Pourquoi dis-je « désamorçage » ? Parce que ce film est passé sur une chaîne privée, qui tire ses revenus de la publicité. Le film a donc été entrecoupé de spots publicitaires, au point qu’on ne savait pas les distinguer des spots ironiques figurant dans le film lui-même, l’ensemble faisant un tout indiscriminable, et l’intention de dénonciation du cinéaste se dissolvant totalement par ce voisinage aplatissant.

On n’y pouvait plus lire le ton antiphrastique : c’est de la même façon que chez Andy Warhol la boîte de soupe Campbell, la bouteille de Coca Cola, peintes pour dénoncer l’aliénation du consommateur moderne, ont pu être récupérées et prises au premier degré, comme un péan à la gloire de la consommation. [v. t. 3 : Récupération]

J’ai pensé aussi au premier discours de Zarathoustra chez Nietzsche, dit « Le Prologue » : il dresse aux hommes leur propre tableau d’êtres petits et mesquins, unidimensionnels, pour les dégoûter d’eux-mêmes. Mais tragique est la méprise : la foule demande précisément à être ce « dernier homme » qui vient de lui être dépeint, ne veut en aucun cas du « Surhomme » qu’on vient de lui proposer !

De ma soirée télévisée, j’ai tiré la conclusion qu’aucun film, qu’aucune œuvre ne résistera à l’obscène règne de la publicité et de l’argent, au désir de faire malgré tout des affaires comme à l’habitude : Business as usual !

 

21 juillet 2016

***

Pour lire le texte de Nietzsche sur le Dernier Homme, cliquer sur :

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La matière de cet article est reprise dans mon dernier livre Les Impasses de l'Art moderne. L'ouvrage est disponible en deux formats, papier et livre électronique (E-Book). On peut en feuilleter le début en cliquant ci-dessous sur : Lire un extrait. On peut le commander sur le site de l'éditeur en cliquant sur : Vers la librairie BoD. Il est aussi disponible sur commande en librairie et sur les sites de vente en ligne.

Les Impasses de l'Art moderne
Théron, Michel
14,00Livre papier
Lire un extrait

DESCRIPTION

Le monde de la création artistique et littéraire n'a plus été le même à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Les peintres impressionnistes d'une part, Rimbaud et Mallarmé de l'autre, ont tracé de nouvelles voies. Ce livre les explore, en soulignant leurs évidentes réussites, mais aussi en montrant comment leur aboutissement peut être problématique : la communication de l'oeuvre n'y est pas toujours assurée. Le langage des images et celui des mots sont constamment (...)

Les Impasses de l'Art moderne
Théron, Michel
9,99Livre ebook
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Le monde de la création artistique et littéraire n'a plus été le même à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Les peintres impressionnistes d'une part, Rimbaud et Mallarmé de l'autre, ont tracé de nouvelles voies. Ce livre les explore, en soulignant leurs évidentes réussites, mais aussi en montrant comment leur aboutissement peut être problématique : la communication de l'oeuvre n'y est pas toujours assurée. Le langage des images et celui des mots sont constamment (...)