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Le blog artistique de Michel Théron
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Dehors-Dedans

Dehors-Dedans

D.R.

L

 

a petite fenêtre du haut de la photo s’entrouvre vers l’extérieur, montrant l’image d’un arbuste qu’on suppose être un palmier. Quant à la fenêtre elle-même, elle est faite d’un vitrail abstrait. Il me semble qu’il y a là deux directions de regard possibles pour l’être humain : soit regarder à l’extérieur, d’où vient la lumière du jour, soit voir cette même lumière depuis l’intérieur, à travers un verre coloré, qui la transmute en autre chose.

Tout le monde connaît l’éblouissement de la lumière extérieure, et qu’elle peut nous emplir du bonheur de se sentir en fraternité avec tout ce qui vit sur la terre. Loin de moi l’idée de mépriser cette expérience. Mais il en est une autre, plus secrète, et sans doute parfois oubliée : une autre lumière, plus pure aussi et plus décisive, qui peut rivaliser avec la première. Elle vient peut-être du plus profond de notre cœur, on ne sait. En tout cas, celle qui filtre à travers le vitrail en donne l’idée.

Le vitrail par sa nature a des couleurs pures, en vifs aplats. Tandis que la lumière extérieure les présente en dégradés, toujours variables suivant l’heure. Celles du premier sont essentielles, et celles de la seconde, circonstancielles. Le premier donne accès à un sur-monde, qui simplifie les données de la seconde pour les magnifier, leur donner une garantie de vérité, une authenticité dont est dépourvu d’habitude le monde extérieur. Bien sûr le vitrail abstrait est mieux apte à faire cette transmutation que le vitrail historié, plus dévolu à l’humain.

Si donc le Royaume de Dieu est à l’intérieur de nous, comme le dit l’évangile de Luc (17/21), c’est en nous que nous devons trouver la vraie lumière. Ne confondons pas ici vérité et réalité. Si nos yeux de chair voient une lumière réelle, notre regard intérieur voit une lumière vraie, dont celle qui est vue à travers le vitrail nous donne une idée. Tout au plus peut-on dire que la vision de la première prédispose à celle de la seconde, à laquelle elle sert en quelque sorte de propédeutique. Celui qui regarde à l’extérieur rêve. Celui qui regarde à l’intérieur s’éveille.

 

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