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l semble qu’il doit y en avoir un derrière toute chose existante, qui nous le rappelle même si elle le recouvre. Ce geste inaugural peut renvoyer à celui d’un dieu organisateur séparant toutes choses d’un chaos primitif, selon le scénario de la Genèse hébraïque.
Ce peut être aussi la matérialisation platonicienne de l’Idée des choses, la définition que cette Idée nous en donne et qui en garantit l’existence, derrière le chaos des apparences qu’elles offrent bien souvent à nos yeux endormis. Ainsi la vie de chacun peut être mêlée et décevante. Mais la comparaison est toujours possible avec l’idée qu’on en a : la vie n’est pas une vie, la vie n’est pas la vie... La seconde miroite dans la première, et la figure de style même qui exprime cela tire son nom de ce phénomène : antanaclase, miroitement.
Cet essentiel des choses disparaît dans leur apparence, mais l’Artiste, qu’il soit rival du dieu organisateur ou à l’écoute du monde des Idées, peut vouloir par un seul geste le retrouver. Parfois il lui faut toute une vie d’apprentissage pour arriver à réaliser en un seul trait ce seul geste essentialisant, sans correction possible : c’est le cas de certains calligraphes et peintres orientaux.
À leur image, de quelques brins d’herbe sur fond de ruisseau j’ai tiré par simplification (et par la magie d’un logiciel numérique) les quelques traits ci-contre. La confrontation entre le sujet dont je suis parti, la petite vignette en bas à gauche, et ce à quoi la simplification a abouti permet à l’esprit de faire ce trajet qui me semble toujours nécessaire pour la communication d’une image abstraite. Si cette confrontation n’est pas faite pour maintenir une certaine présence du monde, le partage avec le spectateur n’est pas possible.
Je sais bien que certains peintres de l’action painting occidentale n’ont pas ce souci, occupés seulement qu’ils sont à rendre leur monde intérieur. C’est bien dommage à mon avis. Il faut penser un peu au spectateur, si on veut en éviter l’indifférence, ou l’hostilité, voire le mépris...
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