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Le blog artistique de Michel Théron
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Le Voleur justifié

Le Voleur justifié

Le Voleur justifié

Ce n’était pas un méchant homme, mais sa profession l’exposait aux tentations. À la banque où il travaillait en tant que comptable, il voyait quotidiennement passer sous ses yeux d’importantes sommes. Ses collègues l’enviaient, certains le soupçonnaient même de pouvoir se servir à l’occasion. Que n’étaient-ils à sa place ? Il souffrait de toutes les rumeurs qu’il sentait rôder autour de lui.

Un jour, sur dénonciation anonyme, il fut dénoncé pour faux en écritures. Et le directeur le convoqua dans son bureau. C’était fini pour lui. Il était renvoyé. Avec menace de poursuites.

Le monde s’écroula sur sa tête. Qu’allait-il faire ? Son travail jusque là ne l’avait pas beaucoup usé, mais il prévoyait qu’un autre ne lui donnerait pas autant d’avantages. Il n’avait pas le courage d’envisager la perspective d’une tâche qu’il jugeait au-dessus de ses forces. Il songea aussi à faire des démarches administratives pour recevoir l’aumône de quelques subsides. Mais aussitôt il se sentit humilié de devoir le faire, par rapport à ce qu’il avait connu, et la honte l’enva­hissait.

Alors, tel Archimède, il eut son eurêka.

Il consulta, dans le listing des clients de la banque, les noms de ceux qui se trouvaient dans l’obligation de devoir rembourser un prêt.

Il les convoqua à tour de rôle, il étala devant eux leur dossier, et il leur fit y modifier la somme restante, dans le sens d’une importante minoration pouvant aller jusqu’à la moitié du montant total. Il fut heureux de voir leur grande joie. Et ce qu’il escomptait arriva : il pouvait désormais compter sur leur reconnaissance. Il ne serait plus démuni et sans amis, puisqu’il venait de s’en faire à cette occasion. Il serait accueilli chez eux, et réconforté dans la disgrâce où il se trouvait. Aussi garda-t-il précieusement leur adresse, pour plus tard...

À quelque temps de là, il fut convoqué dans le bureau de son patron pour un dernier entretien, sans doute avant son incrimination. Terrifié, il s’attendait au pire. Et si la malversation était découverte ? Qu’allait-il lui arriver ?

Mais voici que son patron l’accueille avec un large sourire, et le félicite d’avoir bien agi.

Des paroles désormais se font entendre, qui le rassérènent. Le dommage fait à la banque, qui de toute façon s’en remettra, n’est rien par rapport au profit qu’il en a obtenu. La justice inflexible n’est pas tout. L’argent est un bon serviteur et un mauvais maître. Même volé, il doit servir à se faire des amis. Les relations humaines doivent avoir le premier rang, et il ne sert à rien d’être le plus riche du cimetière...

... Mais pourquoi maintenant ce flou soudain dans son esprit ? Pourquoi ces nuages qui le recouvrent, et estompent ce qu’il vient de vivre ? Pourquoi cet insidieux effilochement de toutes choses ?

C’est que progressivement il se réveille. Et toute cette histoire, avec sa fin si belle, il comprend maintenant qu’il l’a rêvée. Il y a vu défiler sa vie passée, avec ses tentations et ses doutes, ses pensées secrètes. Du funeste destin qui devait normalement l’attendre après ce qu’il a fait il a vu le bouleversement possible, et son horizon s’est merveilleusement ouvert.

Mais pourquoi s’est-il ensuite refermé ? Combien il aimerait alors que de la même façon le monde ancien disparaisse, et que toutes choses deviennent nouvelles ! B Qu’elles défient toute compréhension, toute morale et tout calcul hâtifs, qu’elles volent en éclats au bénéfice d’un espace tout nouveau : exactement comme dans la fin de son rêve ! – Mais non, l’amertume le recouvre, et il constate que le monde réel est autre.

Mais l’est-il vraiment ?

Au fond, qui le sait ?

 

 

Luc 16/1-9 : Il disait encore à ses disciples : « Il était un homme riche qui avait un intendant, et celui-ci lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens. Il le fit appeler et lui dit : ‘Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Rends compte de ta gestion, car tu ne peux plus gérer mes biens désormais.’ L’intendant se dit en lui-même : ‘Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gérance ? Piocher ? Je n’en ai pas la force ; mendier ? J’aurai honte … Ah ! je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois relevé de ma gérance, il y en ait qui m’accueillent chez eux.’ Et, faisant venir un à un les débiteurs de son maître, il dit au premier : ‘Combien dois-tu à mon maître ?’ – ‘Cent barils d’huile’, lui dit-il. Il lui dit : ‘Prends ton billet, assieds-toi et écris vite cinquante.’ Puis il dit à un autre : ‘Et toi, combien dois-tu ?’ – ‘Cent mesures de blé’, dit-il. Il lui dit : ‘Prends ton billet, et écris quatre-vingts.’ Et le maître loua cet intendant malhonnête d’avoir agi de façon avisée. Car les fils de ce monde-ci sont plus avisés envers leurs propres congénères que les fils de la lumière. Eh bien ! moi je vous dis : faites-vous des amis avec le malhonnête Argent, afin qu’au jour où il viendra à manquer, ceux-ci vous accueillent dans les tentes éternelles. »

B Apocalypse 21/4-5 : Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus. Il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance, car le monde ancien a disparu.  Et celui qui siège sur le trône dit : ‘Voici, je fais toutes choses nouvelles.’

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En marge de la Bible
Théron, Michel
13,00Livre papier
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DESCRIPTION

Chaque livre est une réécriture : il s'écrit dans les marges d'un autre, ou d'autres. Celui-ci s'inscrit dans les marges du Livre par excellence, la Bible, dont il actualise certains passages. Ces actualisations servent parfois l'intention du texte initial, mais parfois aussi en problématisent le contenu, quand il n'a plus semblé admissible pour un esprit libre et indépendant. L'appel constant à la sensibilité, propre à la littérature, permet ainsi de corriger ce que (...)

 

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