Je commence à publier ici quelques petits textes sur le sentiment amoureux, qui seront réunis ultérieurement en volume. Pour ces micro-fictions, je m'inspire du livre que j'ai publié chez BoD Savoir aimer - Entre rêve et réalité (voir ci-dessous).
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Rendez-vous avait été pris avec elle dans le centre commercial. D’elle il ne connaissait que sa voix au téléphone, si douce et jeune, apparemment. Maintenant il cherche, regarde autour de lui. De la foule anonyme va-t-elle surgir, pour une énième déception ? Comment est-elle en réalité ?
Bonjour, c’est moi que vous cherchez ? Il se retourne, une grande silhouette en manteau jaune lui fait face. Le visage s’illumine d’un beau et avenant sourire. Il voudrait être ailleurs, rentrer sous terre.
Mais elle tente de le rassurer, en lui proposant de s’asseoir à la terrasse du café, pour prendre un verre.
Il ne la regarde pas. En un instant toutes celles dont il a rêvé s’évanouissent, retombent à leur néant. Mais comment affronter maintenant ce sourire, et que se passera-t-il s’il disparaît lui aussi de sa vie ? Elle parle toujours, et il est paralysé, par la peur de ne pas lui plaire. Il sent les larmes lui monter aux yeux. Il essaie de garder contenance.
De toujours confiance et assurance l’ont déserté. Personne, pense-t-il, ne peut s’intéresser à lui. Aussi ne s’est-il jamais avancé vers quiconque, et s’est-il protégé par la façade froide des angoissés qui veulent donner le change. Et dans chaque marque d’intérêt il voit un essentiel miracle, gommant son indignité.
Mais elle continue de parler, et dans l’invite de ses paroles il devrait voir une leçon. Pourquoi n’a-t-il pas confiance ? Cela cadre si mal, d’ailleurs, avec ce qu’elle suppose de son statut social.
Le sourire est un phare qui devrait guider les naufragés. Il parle, et somme à lâcher prise, à abandonner les défenses. De quoi demain sera fait, personne ne le sait. Mais l’instant d’aujourd’hui encourage à faire confiance. Pourquoi résister ? De toute façon la bataille est perdue, le masque de défense est tombé, il est vain de se demander ce qui arrivera plus tard, puisque l’essentiel est déjà arrivé.
La voix maintenant est caressante, quasi-maternelle. Sa musique dit qu’il ne sert à rien de se protéger, que le sort n’est jamais entre nos seules mains. Vous êtes défait, Monsieur. Abandonnez-vous...
Rendez-vous !
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