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Le blog artistique de Michel Théron
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Paréidolie

Paréidolie

D.R.

C’

 

est le fait de reconnaître quelque chose de déjà vu dans ce qu’on voit pour la première fois. Ainsi dans ce tronc d’arbre, tel qu’il est cadré, le trou visible dans l’écorce et le bois peut faire penser à un œil, et ensuite la tête peut être mentalement recomposée : personnellement je vois, me fixant, celle d’un animal.

Bien sûr la reconnaissance de telle ou telle forme diffère selon les esprits. Un peu comme dans le test psychologique du Rorsach : devant des formes aléatoires le patient projette ce qu’il veut, ou plutôt ce que lui dicte son inconscient. Ses projections renseignent sur ce qu’il est dans ses profondeurs, ses obsessions, ses peurs, ses trau­matismes passés, etc.

Je ne sais donc celles que fera mon lecteur sur ma photo, pas plus que s’il est renseigné, à partir de ce qu’elle me suggère, sur mon inconscient. Au reste, à supposer que ce dernier nous parle, c’est à nous de rassembler les matériaux épars, les membra disjecta qu’il nous fournit, pour en faire un discours lié. Et c’est bien à notre esprit lucide et conscient que revient cette tâche. Il ne faut pas opérer ici un sacrificium intellectus, un sacrifice de l’esprit.

... Et dans la perception visuelle non plus. En effet la paréidolie montre que l’esprit cherche toujours une identification, donc une signification à ce qu’il voit, en le confrontant à ce qu’il connaît déjà, et qui est rangé dans ses souvenirs. Certes la vision de quelque chose de nouveau est un appel à la signification. Mais qui dit appel dit rappel et tout est toujours un jeu de mémoire.

Les conséquences sur l’art sont capitales ici. Si l’œuvre est perçue par le spectateur sans recherche de signification, elle ne fait qu’amuser l’œil, elle est décorative. Et si son auteur récuse d’emblée la question de la signification, elle est un suicide intellectuel. C’est le cas de l’abstraction totale dans les arts plastiques. En vérité :

Ce qui ne ressemble à rien n’existe pas.

 

*

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