Cages

P

ersonne ne voudrait s’y trouver, je pense, pas plus qu’enfermé en cellule, incarcéré sans possibilité de sortir.

Ce sont pourtant des cages, ou des cellules, juxtaposées et empilées, que je vois dans cette photo. Elles sont toutes identiques, pressées les unes contre les autres, au point qu’on peut penser aussi aux alvéoles d’une ruche, dont l’inlassable perfection géométrique nie toute idée d’individualité. Encore les abeilles font-elles du miel. Mais que font les occupants de ces cages ? Ont-ils quelque activité gratifiante pour eux ?

Sans doute non. Ils ne pensent qu’à leur farniente. Ce sont des vacanciers ou des touristes, qui paient cher pour s’entasser dans ces petites boîtes, près de chez moi, dans une station de vacances renommée de la côte méditerranéenne...

... J’imagine quelle peut être leur vie. Sortent-ils sur leur balcon ? Les voilà en totale promiscuité avec les autres occupants du lieu, qui vu la disposition de ce dernier ont total regard sur eux. Où est l’intimité, si de tous côtés, en haut et en bas, à gauche et à droite, mes voisins sont là à me toucher, et à m’épier ?

C’est un cauchemar qu’incarne ce type d’immeuble. Bentham avait imaginé pour un lieu de détention une pièce centrale, appelée Panoptique, à partir duquel le gardien pouvait, sans être vu lui-même, surveiller tous les prisonniers. C’est l’ancêtre du Big Brother d’Orwell, ainsi que de tous les dispositifs actuels de surveillance par caméra. – Mais ici la chose est plus complexe. Chacun épie et est épié à la fois, simultanément espion et espionné. Comme on l’a déjà dit, l’Enfer c’est les autres : entendons le regard d’autrui posé sur nous.

Quelle importance ?, dit le touriste. Chacun appartient à tout le monde. Et on se rue à la plage, dépouillé de toute personnalité, pour se faire bronzer comme le voisin...

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