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ur la glace glissez, tourbillonnez jusqu’à l’ivresse ! Échappez ainsi à la modicité quotidienne, au comportement convenu et contraint, au savoir-vivre qui empêche de vivre.
L’homme a le même destin que le bois : brûler ou pourrir. Brûlez donc de votre flamme, consumez-vous de votre ardeur ! Essayez toutes les figures. Osez ! Que rien ne fasse obstacle à votre danse !
On dit que Socrate à la fin de sa vie a voulu apprendre à danser. En quoi il a droit il me semble à toute notre reconnaissance. On ne peut pas faire que raisonner. Il faut aussi résonner et consonner au rythme magique qu’on devrait toujours sentir en soi, malgré tous les choix faits et toutes les inhibitions.
Le vie est un pont entre deux néants, entre deux éternités de nuit : celle qui a précédé notre naissance, et celle qui suivra notre mort, avec entre les deux un bref instant de chaos. Que faire alors sur un pont, sinon, comme sur celui d’Avignon, y danser ?
La vie peut être comique, elle peut être aussi tragique, mais elle n’est pas sérieuse. Libérons-nous du sérieux compassé. La danse, comme le jeu, nous sera signe de vraie vie, même de jeunesse. Un vieux chien ne joue pas.
Et pourquoi redouter les chutes ? Elles nous sont constitutives. La marche même n’est qu’une suite de déséquilibres compensés. Et il n’est pas de jours où nous ne puissions tomber de tout notre haut. Notre masque social, notre personnalité entière peuvent être détruits d’un seul coup. Il suffit peut-être de tel regard, ou de tel clin d’œil aveuglant à nous adressé, et nous voilà sidéré, et courant au-devant de notre destin. Pantin à la merci d’une Femme...
Le plus grand risque dans la vie est de ne pas en prendre.