Automne

est ma saison préférée, ou comme dit le poète : mon automne éternelle, ô ma saison mentale... Mais pourquoi cela ?

C’est la saison de la disparition et de la perte, celle par exemple de l’histolyse végétale. Mais cette dernière est souvent magnifiée, comme j’espère dans ma photo, par le soleil qui n’est plus zénithal comme en été, mais oblique : la bénédiction des photographes.

Peut-être n’est-on heureux dans la vie que dans l’attente des choses et dans leur remémoration ; qu’avant de l’être, et quand on ne l’est plus. La vraie fête, c’est la veille de la fête ; le vrai dimanche, c’est le samedi soir ; les vraies vacances, le jour où on les prend, etc. – et aussi c’est quand les choses se finissent : bien perdu, bien connu. Tant il est dangereux de se confronter au réel des choses : il est bien souvent le tombeau de nos rêves !

Mais à mieux y réfléchir je préfère encore le souvenir à l’attente. La seconde en effet a quelque chose de crispé et de déstabilisant que n’a pas le premier. Je me souviens que lorsque j’étais écolier et lorsque nous était promise en fin d’année une belle excursion d’une journée, je ne dormais pas la nuit précédente, tant l’attente de ce qui allait arriver était combattue par la peur qu’aussi elle suscitait.

Le souvenir au contraire n’a pas peur de la réalité, puisque cette dernière a disparu. Une douce lumière rassérénante peut luire alors dans la profondeur de toutes nos nuits :

Ce qui meurt
Se revêt
De lumière

Ce qui reste
S’illumine
Du souvenir

*

Cette photo et ce texte sont extraits de mon ouvrage autobiographique Exil. On peut le commander directement sur le site de l'éditeur BoD. Pour plus de renseignements, cliquer sur l'image ci-après :

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