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es portières se propagent en reflets sur les vitres et en traits d’ombre sur le sol. Le monde se démultiplie, et il est difficile d’y démêler apparence et réalité. L’enfant s’y joue, et l’adulte y peut rêver philosophie. Où est le vrai, où est l’illusion ?
Quant à moi, je trouve que ma photo, qui traite avec équanimité les différents plans visuels, jette un doute sur le peu de réalité du monde lui-même. Dépourvu de vraie substance, puisque se prêtant à des visions si différentes et contradictoires, j’en tire la conclusion qu’il n’est rien en-dehors de ce que je peux projeter sur lui. Rêves, espoirs, désirs, ce sont eux qui donnent vraie vie au monde. Il vit quand on postule l’existence d’autre chose que lui.
Je ne suis évidemment pas le premier à le sentir et le dire. De Platon à Rimbaud l’intuition fondamentale existe que le monde qu’on dit et croit réel n’est qu’un fantôme. Derrière les choses sont leurs Idées, dit le philosophe. La vraie vie est absente, nous ne sommes pas au monde, dit le poète. Et aussi l’Enfant en moi l’a toujours senti : le Monde ne se suffit pas à lui-même, il vit du manque qu’on y trouve :
Derrière ce qu’on voit
Théâtre d’ombres
Trompeuse maya
Il y a toujours
Ce qu’on imagine
Qu’on suppose
Qu’on espère
De plus vrai
Ce à quoi on croit
Ou voudrait croire
L’envie d’une Vie...
Le Monde vit de son absence
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Cette photo et ce texte sont extraits de mon ouvrage autobiographique Exil. On peut le commander directement sur le site de l'éditeur BoD. Pour plus de renseignements, cliquer sur l'image ci-après :
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