Words, words, words...
Hamlet
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lus j’avance en âge, plus je me méfie des beaux parleurs. Ils s’étourdissent d’un langage non contrôlé, et cette émission verbale automatique me fait penser à un soldat qui tirerait en toutes directions sans viser en aucune façon. Le vrai usage du langage doit être extrêmement précautionneux, à la limite du silence. Car souvent les mots nous remplacent au lieu de nous exprimer. Il faut leur tenir la bride, car ils ont tôt fait de nous échapper, et de vivre de leur propre vie.
Pourquoi dis-je cela en regardant ma photo ? Elle est un modèle il me semble de dépouillement, et je dirai de laconisme. Parle-t-elle vraiment même ? Que pourrait dire un rayon de lumière sur les montants d’une fenêtre ? Et quelle opportunité y a-t-il de reproduire cette chose vue ?
Je sais bien que beaucoup ici se prendraient au jeu, et abonderaient ici en métaphores. La Photomachie, le combat de la Lumière et des Ténèbres pourrait les retenir. Et pourquoi pas au fond ? Les grands mots proposent facilement leur secours, quand on n’a rien à dire – je veux dire de précis et d’urgent.
Mais aujourd’hui je préfère modestie et réserve. J’ai vu cette petite scène d’intérieur, elle m’a retenu, et je résigne toute ambition d’y trouver un sens. C’est assez qu’elle m’a comblé, et qu’en moi subsiste le souvenir que j’en garde :
Rien ne se montre
Tout se suppose
Le sens absent
Une présence...
Seul souvenir
De tel instant
Plus rien n’y vaut
Que le silence...
*
Cette photo et ce texte sont extraits de mon ouvrage autobiographique Exil. On peut le commander directement sur le site de l'éditeur BoD. Pour plus de renseignements, cliquer sur l'image ci-après :
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