Âme brûlée...

L

a latitude de pose d’un appareil photographique (qu’il s’agisse du film en argentique, ou du capteur en numérique) est loin d’être la même que celle de l’œil humain. Dans cette photo, le premier plan n’est qu’en partie correctement exposé, à gauche. La partie droite en arrière-plan est surexposée, ou comme on dit brûlée. L’œil humain ne produit pas de si grands contrastes. Il compense naturellement les différences, pour donner une vision moyenne.

On pourrait penser alors que la photo est ratée. Mais j’ai plutôt envie de tirer partie de la limitation de l’appareil, et d’en faire en quelque sorte un atout. C’est souvent d’ailleurs ce qu’on est obligé de faire : faire que les gênes deviennent exquises. – Je vais dont méditer sur cette notion de brûlure.

L’homme a le même destin que le bois : ou brûler, ou pourrir. S’il choisit la première option, il peut périr dans son entreprise, comme le papillon se jette et trouve la mort dans la flamme qui l’éblouit. La sidération tant recherchée peut le pétrifier, l’immobiliser sur place. Ensuite, ayant vu une fois l’étoile (sidus, en latin) il peut ne pas se consoler de la perdre, et de ne plus pouvoir que la regretter ou la désirer, ce qui est la même chose. Le désir (desiderium) est ce qui succède à la sidération, la fin de la vision de l’étoile – ou si on veut de l’astre : proprement alors le désastre. Pour cette raison le Désir est infini, inextinguible.

Mais que dire du pourrissement ou de l’enlisement dans le médiocre qui atteint celui qui reste étranger à tout cela ? Assurément son sort n’est pas préférable. À tout prendre, mieux vaut l’exil que le marécage :

Âme brûlée
Aveuglée de lumière
Redis au marcheur
Son exil terrestre...

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Cette photo et ce texte sont extraits de mon ouvrage autobiographique Exil. On peut le commander directement sur le site de l'éditeur BoD. Pour plus de renseignements, cliquer sur l'image ci-après :

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