Traces

Sur la chevelure du sable
Un collier de traces
Cicatrices d’un chemin

La Vie...

e sable est naturellement inhospitalier, et suggère la vision d’un désert. Ce dernier, pris métaphoriquement, suggère à son tour l’image d’une vie désertique, c’est-à-dire abandonnée, privée de l’Essentiel. Quelque chose comme cet état de stagnation, cette acédie ou cette inappétence généralisée, qui s’installe chez l’homme parvenu au milieu de sa vie, tels que je les ai évoqués lors de la méditation précédente.

Il y constate qu’il peut bien avoir matériellement tout ce qu’il a désiré (ou cru désirer), et en même temps être cloué sur place, sans plus de possibilité d’avancer. Tout autour de lui il ne voit que désert de sable. La Vie l’a abandonné.

Maintenant, si pour bercer sa mélancolie il allait faire un tour sur une plage au bord de la mer, peut-être pourrait-il voir ce que montre ma photo ici : une suite de petites traces de pas dont la direction pointe transversalement vers un hors-champ invisible donc, mais imaginable.

S’il est rationnel et s’il apprécie des distances, il conclura qu’il s’agit des traces de pas d’un oiseau quelconque. Mais s’il est imaginatif et contempteur des échelles objectives, il pourra penser, pourquoi pas, aux traces de pas d’un enfant. En quoi peut-être pourrait- il voir là un signe du destin : il a vu à nouveau la Vie au milieu du sable de sa vie. Et elle lui a été proposée sous la forme des pas d’un enfant.

Sans doute doit-il maintenant pour retrouver la Vie faire retour, dans la seconde moitié de son existence, au point même où il l’a commencée : à l’Enfance.

... Et cette leçon me concerne aussi...

*

Cette photo et ce texte sont extraits de mon ouvrage autobiographique Exil. On peut le commander directement sur le site de l'éditeur BoD. Pour plus de renseignements, cliquer sur l'image ci-après :

> On peut aussi se procurer l'ouvrage en librairie, ou sur les sites de vente en ligne.