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e buisson épineux fait obstacle au regard, qui naturellement voudrait s’abreuver à l’horizon incendié par le soleil couchant. Sans doute préférerions-nous que disparaisse cet obstacle. Mais, hélas, il est là, comme grilles d’une prison, et bien présent.
Il représente pour moi tout ce qui peut empêcher d’aller boire à une essentielle et vivifiante source de lumière. On peut penser bien sûr à des visions tragiques, comme par exemple celle de la crucifixion du Messie, dont on pourrait voir dans ma photo, par paréidolie ou reconnaissance dans un nouvel objet d’un objet déjà connu, la tête couronnée d’épines. Mais cela n’est pas obligatoire. Maintes autres choses peuvent dans nos vies nous persécuter. À commencer par tous les soucis domestiques, qui occupent et aveuglent, et qui à force de nous forcer au plus près nous interdisent l’accès au plus loin, tel ici l’horizon. Diabolus in infimis latet – Le Diable se cache dans les détails.
Il peut en effet avoir une petite envergure, il peut être un Démon mesquin, pusillanime. Ces millions de pas dérisoires que nous faisons chaque jour, cette répétition des mêmes gestes, cette machinalité sans âme, voilà ce qui nous enlise bien mieux que la consomption dans un grand incendie. Et chaque jour, une épingle de plus s’enfonce dans notre pelote. Ainsi mourons-nous à petit feu, par défaut bien plus que par excès. Et parfois même nous n’y voyons pas d’abjection.
L’élan se perd dans la répétition, et les plus beaux idéaux disparaissent dans le ressassement du sordide. Comment rester vivant dans ce qui nie la Vie ? Trouverons-nous des roses sur certaines épines ?
Un quotidien désespérant,
Tenant notre âme prisonnière,
Brisera-t-il tous nos élans
Vers un horizon de lumière ?
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Cette photo et ce texte sont extraits de mon ouvrage autobiographique Exil. On peut le commander directement sur le site de l'éditeur BoD. Pour plus de renseignements, cliquer sur l'image ci-après :
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