Une menace rôde
Une fissure
Dans nos vies les plus rangées
Dans tout ce qui nous tient
Et nous dirige
Dans toutes nos rampes d’appui
Où chercher protection et refuge
Inséparable nous guette
L’éclair zigzaguant de la brisure
Projetée au sol
P |
our le photographe, les ombres sont souvent aussi importantes que les objets eux-mêmes. Ici on peut les voir à égalité dirai-je avec la rampe qui les projette. Et on peut y voir aussi un symbole. Si la rampe permet de ne pas tomber, les ombres trébuchantes sur le sol suggèrent évidemment une cassure et une chute. Si l’on les prend dans un sens métaphorique, on peut penser à la rupture d’un équilibre psychologique.
Pour s’affirmer dans la première partie de sa vie l’homme s’applique à construire son rôle social, en s’abritant derrière une personnalité qu’il veut solide et permettant de bien figurer dans le grand Théâtre : c’est un Masque qu’il porte (persona, en latin, signifie masque). Mais parvenu au mitan de sa vie il constante que cette édification est fragile, car elle s’est faite au prix de bien des envies refoulées, qui accumulées dans son inconscient constituent son Ombre. C’est cette dernière qui cause, si on n’y prend pas garde, les fissures, les brisures potentielles du Masque. Autrement dit, si jusque là la personnalité a pu compenser, voire surcompenser les sollicitations de l’Ombre (présentes dans les rêves, par exemple), désormais ce n’est plus possible : peut survenir une décompensation, en somme une dépression.
Si le sel perd sa saveur, comment la lui redonnera-t-on ? À moins alors d’écouter l’Enfant qu’on a laissé derrière soi, et qui nous appelle : Enfant phare...
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Cette photo et ce texte sont extraits de mon ouvrage autobiographique Exil. On peut le commander directement sur le site de l'éditeur BoD. Pour plus de renseignements, cliquer sur l'image ci-après :
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