Éclats

clats de lumière sur éclats de bois... L’attention s’y porte, puis la méditation. Il est des occupations plus méprisables...

On ne voit dans ma photo ni l’arbre dont vient le bois, ni la source de la lumière. On n’est réduit qu’à des éclats, des fragments, des bribes si l’on pense au langage. La Totalité a disparu. Et il me semble que ce destin morcelé est le mien, le nôtre aussi si je pense à l’état de notre psyché.

Bien sûr il est commode d’imaginer un Sens universel des choses, qu’on l’appelle Dieu ou non, et qui se révélerait entièrement lors d’une grande occasion, à la manière du Buisson ardent ou du Chemin de Damas. Mais ce n’est pas le cas. Nulle théophanie ne peut plus nous jeter à terre et emplir notre cœur. Le Tout s’est brisé, disséminé.

Aussi devons-nous rester bien modestes dans notre langage, qui si nous sommes lucides ne peut être fait que de morceaux éparpillés. Le tas de bois ne redeviendra pas grand arbre ou forêt, pas plus que l’éclat de lumière ne réintégrera le soleil. La dispersion est notre destin, et aussi celui du monde lui-même. Nous n’avons plus que des miettes de l’Essentiel :

Bribes de lumière
Fragments de discours
Sont sur cette terre
Notre seul secours.

Vouloir davantage
Serait inutile,
Pour un bref passage
Au cœur de l’exil.

À l’éclat qui reste
Suffit tel moment :
Occasion modeste,
Et qui plus dit ment...

*

Cette photo et ce texte sont extraits de mon ouvrage autobiographique Exil. On peut le commander directement sur le site de l'éditeur BoD. Pour plus de renseignements, cliquer sur l'image ci-après :

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