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Le blog artistique de Michel Théron
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Rêveries sur un promeneur solitaire

Rêveries sur un promeneur solitaire

Méditations photographiques
D.R.

T

 

el que je le vois, je l’imagine et je l’envie. Il s’est mis à l’aise, a ôté ses chaussures, que désormais il tient à la main. Et dans l’autre un bâton l’accompagne, qui effleure l’eau. Grande est l’impression de liberté qu’il me donne. Moi aussi je voudrais aller pieds nus comme lui, fouler l’eau sans tous ces dispositifs, ustensiles et prothèses que la société met ordinairement entre nous et l’immédiat des sensations. Il faut s’en défaire, retrouver la virginité initiale, l’ouverture au monde.

Et puis aussi il est seul. Je ne dis pas qu’il faille l’être toujours, et d’ailleurs il ne faut pas confondre la solitude bénie et l’isolement catastrophique. Mais enfin il faut de temps en temps s’appartenir, ce qui revient à se tenir à part. On ne peut toujours être en représentation, porter sur sa figure un masque qui n’est pas soi.

Seul, il figure ici un homme en résonance avec le monde, en symbiose avec lui. Qu’ils sont rares, ces moments où l’on se sent vraiment entouré, en connivence avec tout ce qu’on voit ! Le cœur lui bat, j’imagine, au rythme même des vagues venant lécher le sable. Je le vois entièrement fondu dans le paysage qu’il regarde. C’est la fin de la dualité, l’advaita de l’hindouisme.

Ils sont sans doute bien loin, tous les renoncements, les refoulements qu’il a pu opérer dans sa vie, et qui constituent l’ombre de toute personnalité sociale. D’ailleurs son ombre même ici n’est pas grande, comme un double fidèle, une accompagnatrice sans danger, et non comme une grave menace, qui risquerait de l’engloutir. Comme si ici l’heure du jour se mettait aussi à son unisson !

...Tout cela est ce que j’imagine en me projetant sur lui. Bien sûr, il n’est que prétexte à mes propres tropismes, qui ont fait vivre et légendé ma photo dans leur direction. Où est le vrai de mon promeneur ? Je n’en sais rien, mais en toute occasion quand la légende est plus belle que le vrai, il faut toujours choisir la légende.

 

*

Cette photo et ce texte sont extraits de mon ouvrage autobiographique Instants de lumière. On peut le commander directement sur le site de l'éditeur BoD. Pour plus de renseignements, cliquer sur l'image ci-après :

D.R.

> On peut aussi se procurer l'ouvrage en librairie, ou sur les sites de vente en ligne.