Photophore

e bonheur est une bulle de savon qui éclate au moindre contact. Vouloir le connaître est le perdre, comme il se voit dans l’histoire de Psyché. Quel besoin avait-elle d’aller voir la figure de son amant, Éros (ou Cupidon) ? Leur pacte était qu’elle ne cherchât pas à le voir, et elle était heureuse ainsi. Pourquoi alors avoir rompu cet accord ? Pourquoi nuitamment a-t-elle approché sa lampe du visage et du corps jusque là aveuglément aimés ? Désormais, et pour son malheur, elle en fut séparée.

Il faut donc vivre simplement l’instant, sans ambages ni détours, sans se demander si on a raison de le faire. Sa lumière se suffit à elle-même. Le pourquoi des choses détruit leur présence. Voyez le Jeu de la marguerite : Je t’aime un peu, beaucoup, passionnément, etc. En vérité, la comparaison ici est toujours meurtrière. Quand elle entre par la porte, l’amour s’en va par la fenêtre. Et rien ne désole davantage un amant que de s’entendre dire par la personne aimée un : Je t’aime bien. À méditer :

En chercher la raison tue la meilleure chose.

La journée grise illuminée        
Par la magie du photophore,
Pur souvenir nous en renaît,
Sans nul souci de métaphore.

Que si bien savoir tu voulais
Pourquoi ton bonheur doit paraître,
Tout aussitôt tu le perdrais
Pour l’avoir désiré connaître.

Vis donc bien cet instant présent,
Te suffise t’y éblouir,
Ne te soucie pas du comment,
Laisse toutes raisons périr...

*

Cette photo et ce texte sont extraits de mon ouvrage autobiographique Instants de lumière. On peut le commander directement sur le site de l'éditeur BoD. Pour plus de renseignements, cliquer sur l'image ci-après :

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