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Le blog artistique de Michel Théron
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Capitale

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Fictions bibliques
D.R.

Je te ferai perdre la tête… Tu ne sauras rien me refuser. Tu crieras, tu te débattras. Cela ne te servira de rien. Tu auras peur. De toute façon tu as toujours eu peur. Depuis le début, maintenant et toujours. Tu gémiras. Tu te débattras. Tu ne pourras pas m’échapper. Je te ferai tout oublier. Tu t’anéantiras. Tu me demanderas grâce. Ta paralysie j’en triompherai. Je t’en délivrerai. Délivrance que tu désires…

Aussi tu doutes de tout. Toujours. Et tu juges, tu condamnes. « Il ne t’est pas permis de… ». Professeur de morale. Prêcheur névrosé. C’est facile. En fait, tu ne veux pas prendre de risques. Précautionneux, trop d’égards à tout. Le plus grand risque est de ne pas en prendre.

Tu penses trop. Trop de tête en toi. Où ton corps ?

Lâche-toi, abandonne-toi. Ouvre tes mains. Laisse tomber ta garde.

Serpentine je suis pour les hommes, pour tout homme, pour toi. Et quand tu te tordras sous mes caresses, que tu expireras ton dernier râle, je te ferai sentir, jusqu’à l’ivresse, tout mon pouvoir. Tu adhèreras à n’être plus rien entre mes mains, contre ma bouche. Je caresserai les cheveux de ta tête perdue, coupée, boirai en ton centre le suc de ta mort heureuse. Putain contre puritain. Tu me remercieras.

– Je ne veux pas mourir…

– Mais jusqu’à présent, est-ce que tu vis ?

… Ta tête, Jean, on me l’apportera sur un plat.*

 

* Matthieu, 14/3-9 : … Hérode, qui avait fait arrêter Jean, l’avait lié et mis en prison, à cause d’Hérodias, femme de Philippe, son frère, parce que Jean lui disait : « Il ne t’est pas permis de l’avoir pour femme. » Il voulait le faire mourir, mais il craignait la foule, parce qu’elle regardait Jean comme un prophète. Or, lorsqu’on célébra l’anniversaire de la naissance d’Hérode, la fille d’Hérodias dansa au milieu des convives, et plut à Hérode, de sorte qu’il promit avec serment de lui donner ce qu’elle demanderait. À l’instigation de sa mère, elle dit : « Donne-moi ici, sur un plat, la tête de Jean-Baptiste. » Le roi fut attristé ; mais, à cause de ses serments et des convives, il commanda qu’on la lui donnât, et il envoya décapiter Jean dans la prison. Sa tête fut apportée sur un plat, et donnée à la jeune fille, qui la porta à sa mère…

 

***

Ce texte est extrait du tome I de mon ouvrage Fictions bibliques, édité chez BoD. Il est illustré de dessins originaux de l'artiste Stéphane Pahon. En voici la présentation en Quatrième de couverture :

Ce livre propose des libres lectures de passages bibliques. Elles servent parfois l'intention du texte initial, mais parfois aussi en problématisent le contenu, quand il n'a plus semblé admissible pour un esprit indépendant. L'appel à la sensibilité, propre à la littérature, permet de corriger ce que l'exégèse et la théologie traditionnelles peuvent avoir de dogmatique.

Pour plus de renseignements, et commander le livre sur le site de l'éditeur, cliquer sur l'image ci-dessous :

Ce livre est aussi disponible sur commande en librairie, ainsi que sur les sites de vente en ligne.

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Pour lire l'Avant-propos de ce livre, cliquer sur :