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Le blog artistique de Michel Théron
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Membra disjecta

Membra disjecta

D.R.

O

 

u bien : membres épars... Effectivement dans cette photo rien ne se suit, comme on dit, tout est ou semble aléatoire. Comme on le dit parfois de l’art contemporain : Anything goes – N’importe quoi convient.

Si l’on a une conception harmonieusement composée d’une image, on peut évidemment refuser celle-ci. Elle juxtapose abruptement des fragments de réalité hétérogènes. Le bout de rideau peut être identifié, ainsi que les pavés, mais non la partie de droite (un meuble) qui arrête la lumière, et qui introduit de l’inconnu dans le connu.

Mais pourquoi rechercher à tout reconnaître ? Il me semble que de cette photo on perçoit surtout les effets de lumière. Si en nous l’esprit logique pour sa part interroge, une autre de ses parties, celle qui est immédiatement sensible aux formes, atmosphères et ambiances, sent dans le même temps et pour ainsi dire derrière la première, autre chose. Ce sont d’insidieux effets latéraux, qui échappent totalement à la reconnaissance d’un sujet, et qui chez certains artistes sont l’essentiel : je pense au clair-obscur chez Rembrandt ou Georges de La Tour, qui est perçu à côté ou derrière l’identification des scènes elles-mêmes.

Ici, derrière l’aléatoire de la juxtaposition des éléments qui peut désorienter l’esprit logique, l’œil peut percevoir autre chose : les jeux de la lumière et de l’ombre. S’ils sont bien composés, et j’espère que le lecteur me fera crédit sur ce point, alors il y a une sorte de nécessité formelle, qui compense l’aléatoire de la signification elle-même.

Aléatoire ? Cette dernière l’est-elle vraiment ? Je crois qu’a minima si l’œil est satisfait à regarder quelque chose, alors la signification peut être tirée de cette satisfaction même. En effet, si un intérieur, si banal et morne soit-il, peut être transfiguré par un simple jeu de lumière, son occupant peut se réjouir d’habiter un lieu inépuisable de merveilles, et y trouver une raison suffisante de bonheur.

*

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