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Le blog artistique de Michel Théron
Le blog artistique de Michel Théron
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Sous le plancher

Sous le plancher

D.R.
Sous le plancher

... Ce qu’il y a sous le plancher est violent, d’autant plus violent que contenu longtemps. Telles ces crises où tout explose soudain entre les êtres, où tout se disjoint ou se désaccorde, où plus rien n’est au point (d’ailleurs je n’ai pas pu faire le point à la fois sur les deux yeux sur la seconde photo, et cela a détruit toute harmonie dans le regard). Image de scène de ménage ? Pourquoi pas, la vie alternant toujours sordide et tragique, et très souvent aussi unissant les deux ? Mais aussi image déstabilisante en général, réactivant d’anciens cauchemars archétypaux. Les monstres en fait sont en nous : ils naissent d’un Hadès enseveli dans l’homme, d’un Enfer présent dans son sein. Angoisse peut-être ici de la castration, angoisse sans doute masculine : l’aimée nous étouffe, la vamp devient vampire, la source sorcière, l’amante la mante, l’amour la mort, etc.

Sans doute un être ne mérite-t-il pas d’être ainsi angélisé ou diabolisé. Il ne justifie ni cet excès d’honneur ni cette indignité... Évidemment aussi, plus d’abord on angélise, plus ensuite on diabolise. Une image excessive appelle nécessairement son inversion, car les contraires se tiennent. Jung appelait cela l’énantiodromie, ou le basculement à l’opposé.

L’artiste aussi, plus il a idéalisé dans sa jeunesse ou aimé les idéalisations, plus il peut être excédé par leur répétition stéréotypée et mécanique (le glamour devenu kitsch), et plus il peut décider d’être iconoclaste, de détruire ce qu’il a adoré, et qu’il voit maintenant banalisé et galvaudé, et dont aussi il mesure maintenant l’absence dans la vie réelle. Le tag rageur peut biffer ou maculer une beauté sur un panneau publicitaire, tout simplement parce qu’il sent comme dégradé et menteur ce qu’il a peut-être aimé un jour. La haine n’est souvent que l’envers de l’amour – Ah ! Ne puis-je savoir si j’aime ou si je hais !

On comprend ainsi la puissance des images négatives : le trash par exemple, contre le glamour. Ces images sont réactionnelles. On n’ignore pas « le reste », ce à quoi elles s’opposent, mais peut-être qu’on l’aime trop, et qu’on ne supporte pas aussi que les choses passent et soient différentes. Si par exemple, comme on le dit, les femmes veulent changer les hommes, les hommes ordinairement ne veulent pas que les femmes changent. On peut donc détruire par amour déçu. Tel un mari qui tuerait sa femme, ou un amant sa maîtresse, tout simplement parce qu’il ne supporterait pas de la voir changée, et par adoration de ce qu’elle a été, et qu’elle n’est plus.

 

D.R.

***

Ce passage est extrait du chapitre 4 de mon ouvrage Quand parlent les images - Méditations photographiques, publié chez BoD. Il est disponible en format papier et en format électronique (e-book).

Pour en feuilleter le début, cliquer ci-dessous sur Lire un extrait. Pour l'acheter sur le site de l'éditeur, cliquer sur Vers la librairie BoD :

Quand parlent les images
Théron, Michel
18,00Livre papier
Lire un extrait

DESCRIPTION

Le langage de l'image est celui que nous tenons en la contemplant. Sa signification est celle de notre propre discours intérieur, qu'il convient d'analyser dans tous ses procédés, ce que fait le présent ouvrage. Il est composé de méditations que l'auteur a faites sur des photographies qu'il a réalisées lui-même à partir d'un visage féminin. Ces méditations ne sont pas que didactiques. Elles incluent aussi sensibilité et rêverie. De la sorte, ce livre pourra intéresser (...)

Voici le texte complet de la quatrième de couverture :

Le langage de l'image est celui que nous tenons en la contemplant. Sa signification est celle de notre propre discours intérieur, qu'il convient d'analyser dans tous ses procédés, ce que fait le présent ouvrage.
Il est composé de méditations que l'auteur a faites sur des photographies qu'il a réalisées lui-même à partir d'un visage féminin.
Ces méditations ne sont pas que didactiques. Elles incluent aussi sensibilité et rêverie. De la sorte, ce livre pourra intéresser tous ceux qui en général aiment les images et les mots, ainsi que leur dialogue souvent très fécond.