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ans tout ce qui nous est donné nous n’avons que le choix du refus ou de l’accueil. Et, si nous optons pour ce dernier, de la disposition et de la mise en scène. Ce qui dépend de nous n’est pas le quoi, mais le comment. Par exemple celui que visite l’amour n’a pas d’autre liberté que celle d’organiser son histoire autant qu’il le peut. Il n’a pas créé ce qui est venu à lui.
Assurément les fleurs ne sont pas faites pour réjouir nos yeux, mais pour assurer la pollinisation et la reproduction de la plante. C’est notre égocentrisme naturel qui nous fait croire le contraire. Mais enfin, lorsque nous les voyons, nous les accueillons comme si elles étaient destinées à l’agrément de notre regard.
Cependant, cette visitation peut être organisée, comme ici. L’éclairage en clair-obscur a supprimé le fond, et valorisé les éléments restants en les faisant émerger du noir. Comme au cinéma, ou dans les photos du Studio d’Harcourt. Ou encore, en remontant dans le temps, dans les peintures luministes, de Caravage, La Tour ou Rembrandt.
Il ne faut pas mépriser cette possibilité de la mise en scène de ce qui ce qui se présente à nous. Elle semble donner à l’objet de la représentation quelque apparence de nécessité, en le délivrant de son existence aléatoire habituelle. Mieux, elle le rend davantage présent dans l’esprit. Un simple amas de fleurs dans la nature nous attire moins qu’un bouquet à l’organisation préméditée, ou un tableau de même intention. Finalement, on aime mieux les choses représentées que les choses elles-mêmes. C’est vrai de la vie aussi, où les attentes et les souvenirs triomphent bien souvent des réalités.
... Telles furent, pour aujourd’hui, mes pensées.