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ux plus sombres de nos jours nous cherchons un appui, quelque chose qui nous donne un peu plus de courage d’être, malgré toutes les dénégations où nous mène la pensée. Derrière nous nous laissons beaucoup de scories et détritus, comme au bas non balayé de cet escalier stagnent morceaux supposés de feuilles mortes, d’aliments divers, ou d’autres choses, on ne sait... Ce sont pour nous toutes les occasions manquées, tous les rêves avortés, toutes les attentes déçues, qui salissent les premiers degrés de notre marche. On ne sait si les suivants en seront débarrassés.
Rare est la lumière qui nous accompagne. C’est à peine ici si elle perce l’obscurité générale. Oblique seulement et parcimonieuse, il faut lui faire confiance malgré sa réserve. De toute façon, on n’a pas le choix.
Enfin s’aperçoit non pas certes le salut (quel grand mot !), mais au moins un secours provisoire et momentané : je veux dire l’appui d’une rampe offert pour l’ascension. Il est d’autant plus bienvenu que le poids des ans en nous nous a fait son œuvre, moins d’ailleurs par la fatigue physique que par celle, métaphysique, du fardeau qu’on traîne lucidement derrière soi : l’implacable monotonie des agitations quotidiennes.
La rampe donne un certain élan, un certain courage. Des versions symboliques bien différentes en sont possibles : un sourire inopinément croisé, une main qui se tend, ou qui tapote une épaule, un mot gentil, toutes rencontres d’autant plus précieuses qu’elles sont subites, de pensée et de survenue non prévisibles. Allons, il faut à nouveau se mettre en route...
Des profondeurs on crie non vers un Dieu bien lointain, mais vers ces petites bouées jetées par la vie et qui empêchent de sombrer. Et merci à toutes les rampes que l’on peut y rencontrer, et dont on ne louera jamais assez la prévenance !