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ar exemple peut rester la trace d’un vitrail. Devant lui on peut se remémorer ce à quoi on a cru soi-même, ou bien les autres. S’il est historié, on peut retrouver le récit sacré, en suivre les péripéties, éventuellement en être encore édifié. Et s’il est abstrait, on peut se recueillir en solitude, penché sur le fond de son cœur. Mais dans tous les cas, il y a encore une Présence.
Cependant ma photo va plus loin. Elle ne représente pas le vitrail lui-même, mais son reflet sur les bancs de l’église. Le vitrail, lui, est en hors-champ. De sa signification initiale de trace du divin, on passe à une signification de second degré : trace d’une trace. D’une Présence, par la foi du croyant ou simplement par la mémoire du méditant, à une énigme. Qu’atteste-t-elle désormais, cette trace rédupliquée ?
Certains s’arrêteront à la forme de ce qu’ils voient, un chromatisme bariolé qui flatte la rétine : ils en auront une vision seulement esthétique, indifférente au contenu, de plus en plus menacé dans des époques de déculturation. Faut-il les reprendre ? Simplement on ne peut dire que leur perception soit autre que décorative.
D’autres se souviendront du vitrail, mais la trace qu’il a incarnée à l’origine voisinera pour eux avec l’autres traces, ou traces de traces, qui se présenteront à son esprit concomitamment à celle-là. Cette attitude est celle d’un certain agnosticisme. Pour être non élective ou préférentielle, elle n’est pas athée : même enfuis, les dieux restent enfouis dans le cœur des hommes.
Quant à moi, ce qui me frappe dans cette photo est le fond noir dont émerge le reflet coloré. Il figure pour moi le néant qui précède et qui suit toute vie humaine. Avant, il a la nuit, le non-être. Après aussi il y a la nuit et toujours le non-être. Et pendant il y a souvent le chaos, le non-sens. Alors je me dis que si dans ce si bref clin d’œil qu’est l’existence on entrevoit quelque chose qui pour nous fasse sens, pourquoi pas ?
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