Reflets

enfance tient rarement ce qu’elle promet. La plupart du temps, l’adulte la trahit. Dans la société il s’insère, et sincère dès lors, il ne l’est plus. Il porte un masque, il joue un personnage d’emprunt, il parade sur le Grand Théâtre. Il n’est plus lui-même.

À de certains moments pourtant, il se rend compte de la facticité de sa vie. Aux rêves qu’il avait faits il a été infidèle. C’est pour lui un moment de crise, au sens grec du mot : jugement. Il se voit condamné sans appel. Et si le colosse aux pieds d’argile qu’il est ne s’effondre pas complètement, au moins est-il assailli par toute une armée de regrets. Ah ! Si j’avais su...

Regrets sur quoi l’enfer se fonde... On y entrevoit ce qu’on aurait pu connaître, si on n’avait pas fait les choix que l’on a faits. On regrette le monde de l’enfance archétypale, un monde lumineux, exempt de tout brouillage, une simplicité, l’absence de duplicité. Tout s’altère ensuite si vite ! L’Essentiel dans la vie d’adulte se réduit à n’être que des traces, imprimées en nous pour notre tourment. Peut-être vaudrait-il mieux qu’elles soient effacées...

– Est-ce sûr ?

Sur l’eau ne sont que formes floues
Que le vent efface à son gré
En moi ne sont que rêves fous
Et la grimace des regrets

Et de quoi sont tous ces reflets
Sinon d’un monde net et pur
A l’évoquer mon cœur se plaît
Orphelin d’éternel azur

Mais seul en reste le miroir
De ce qui fut beau sur la terre
Seules traces se laissent voir
Sillons transpercés de lumière...

*

Cette photo et ce texte sont extraits de mon ouvrage autobiographique Exil. On peut le commander directement sur le site de l'éditeur BoD. Pour plus de renseignements, cliquer sur l'image ci-après :

> On peut aussi se procurer l'ouvrage en librairie, ou sur les sites de vente en ligne.