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e me méfie de plus en plus de ceux qui prétendent avoir trouvé par illumination soudaine le sens de toutes choses, pas plus que je ne crois à un quelconque Chemin de Damas. Les récits théâtraux qu’on fait de toutes ces expériences me semblent bien menteurs.
À vrai dire ces dernières supposeraient que le Temps s’y soit arrêté, ce qui est impossible. Il ne s’arrête que sur le cliché photographique. Dans la vie, c’est tout autre chose. Et de ce point de vue la photographie est l’activité la plus mensongère qui soit.
À peine aurai-je été ému devant l’image ci-contre, qu’aussitôt la vie se hâtera de reprendre son cours, et se chargera bien de diluer mon émotion. Mais si la seule empreinte qu’elle aura laissée en moi est le souvenir que j’en garde, alors je crois que ce n’est pas rien.
Le bilan de toute une vie
Se résume en tel intérieur,
Et l’on pourrait avoir envie
D’y éterniser un bonheur.
Pour peu que lumière s’y prête
Et reflets des choses aussi,
On voudrait que le temps s’arrête
Le tenir à notre merci.
Mais peu sûre est notre existence,
Et peu durable telle image,
Éphémère toute présence :
La vie changera de visage.
Au moins pensons qu’il exista,
En tel instant que nous saisîmes,
Un émoi qui en nous resta :
Souvenir de ce que nous vîmes...
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Cette photo et ce texte sont extraits de mon ouvrage autobiographique Instants de lumière. On peut le commander directement sur le site de l'éditeur BoD. Pour plus de renseignements, cliquer sur l'image ci-après :
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