Quoi de plus ?

es hommes vont et viennent, poursuivent leurs buts lointains, s’y donnent entièrement, sans réfléchir à ce qu’ils sont réellement. Ils se fuient dans l’agitation constante. Éloignés d’eux-mêmes, ils ne prêtent aucune attention à ce qui pourrait les y ramener.

L’oiseau peut-être, perché sur son fil ? Image de fragilité ? Mais pas seulement sans doute. Image de simplicité en tout cas.

Et si elle balançait tout le chaos aveugle que sont nos existences ? Si en regard elle délivrait une leçon, certes bien éphémère ? Si loin que portent notre vue et nos ambitions, peuvent-elles mieux que cet oiseau donner l’image du bonheur ? Certes il ne tient qu’à un fil, comme ici. Mais détaché de tout autre élément susceptible de l’offusquer, il se présente ici dans une radieuse simplicité. Au moins est-ce là ce que je me plais à imaginer. – Ne m’en veuillez pas, Lecteur, si je m’abuse. Mieux vaut être abusé, que désabusé.

Me revient en mémoire une parole légendaire. Regardez les oiseaux du ciel. Ils ne sèment ni ne moissonnent, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? Qui de vous, à force de travail, peut ajouter une coudée à la longueur de sa vie ?

J’adresserais volontiers à tous mes frères en humanité ce message franciscain : prenez exemple sur la simplicité des animaux, à chaque jour suffit sa peine, quittez les grands horizons pour regarder près de vous. L’enjeu est de vous y retrouver.

Mais à leurs yeux sûrement le Simple paraît monotone. Ils ont assez vu, on ne les retient pas avec un simple oiseau suspendu dans le vide, il y a des choses bien plus importantes.

Croient-ils...

*

Cette photo et ce texte sont extraits du tome 2 de mes Méditations photographiques (BoD, éd.). Pour des renseignements sur cet ouvrage, cliquer sur l'image ci-dessous :