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Le blog artistique de Michel Théron
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Éternels retours

Éternels retours

D.R.

À

 

l’automne tombent les feuilles, sur un somptueux lit de couleurs. Mais dès la fin de l’hiver qui suit des bourgeons se dessinent sur les branches encore nues des arbres, et annoncent la verte explosion qui va venir, le renouveau de la végétation.

Ce sont là des cycles qui se répètent indéfiniment, et si on peut voir une consolation dans le triomphe périodique de la vie, on peut aussi y voir, si l’on est d’humeur chagrine, un morne ressassement. C’est comme une force aveugle qui n’a d’autre but que de persévérer dans son être. Que des feuilles meurent sur les branches d’un arbre et que d’autres y repoussent quelques mois plus tard n’est pas un vrai changement, puisque toujours la même chose se répète. Le vrai changement ici serait le changement du changement lui-même. Mais il est impossible.

Vient un moment dans la vie humaine aussi où l’on peut être accablé par cette impression de morne répétition, de piétinement sur place. Les jours s’ajoutent aux jours, et les mêmes choses s’y déroulent. Les mêmes gestes s’y refont d’instant en instant. Poser, mettre, ôter, marcher, se reposer, dormir, les infinitifs seuls suffisent à exprimer cet état de stagnation. Les compléments sont inutiles, parce que totalement interchangeables.

Qu’on appelle cet état spleen, ou mélancolie, ou autrement importe peu. Le temps passe, et rien ne se passe. Pourtant un beau jour (là le qualifiant convient) un tout petit détail peut réveiller le malheureux. Ce peut être le vol inopiné d’un oiseau dans son jardin, ou l’apparition d’une fleur absente la veille au même endroit, ou autre chose : cela suffit à donner l’impression d’une nouveauté.

Alors sa raison lui dit bien que ces modestes épiphanies se sont déjà produites maintes et maintes fois, et qu’il n’y a jamais rien de nouveau sous le soleil. Mais une autre partie de son être (laquelle ?) lui dit que ce n’est pas parce qu’une chose revient qu’il faut en être blasé. Il faut aimer ce qui réapparaît. Il faut aimer l’Éternel Retour.

***

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