Balises

n société, nous n’avons pas licence totale de faire tout ce que nous voulons. Et c’est sans doute une bonne chose, car sinon règnerait l’anarchie, dont la conséquence est la victoire de la seule violence, du plus fort sur le plus faible.

Donc nous nous réprimons, suivant en cela les conseils de nos éducateurs, parents, professeurs, etc., qui ont modelé l’enfant que nous avons été, et qui pourraient continuer, à distance du souvenir, de modeler l’enfant en nous.

Pourtant ce dernier connaissait la bénédiction miraculeuse de l’insouciance qui, hélas !, nous fait souvent défaut. Et aussi il avait, chose essentielle, cette part du jeu qui est un signe de vie : un vieux chien ne joue pas. Quand retrouverons-nous le jeu dans nos vies ?

L’éducation, nous pouvons la voir comme une édu-castration. Le processus de civilisation, comme une répression des instincts profonds. On nous dit toujours ce que nous devons faire, de suivre le Surmoi chez nous, le Dharma en Inde, etc., mais on ne pense pas aux exclusions, aux sacrifices que cela suppose, à la psychasthénie qui en provient. Le savoir-vivre empêche de vivre.

L’enfant en nous nous appelle parfois. Il faut l’écouter, retrouver l’élan qu’il avait et que nous avons perdu. À son image, jouons, par exemple comme je l’ai fait avec le cadrage ludique de ma photo. Ces balises de la voie publique, qu’on peut voir symboliquement comme des injonctions pesant sur nous, j’en ai fait une danse, qui les libère de leur intention première. Une autre vie est ouverte, définalisée. Car aussi le langage est matière de jeu...

Jouons avec toutes balises
Qui encadrent toutes nos vies,
Gardons qu’elles ne paralysent
Cet élan qui en fait le prix...

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Ce texte est tiré de mon livre Quand parlent les images, publié chez Amazon (2025), et commandable sur son site :