Il se fit celui qui dissipe
En conséquences son principe
En étoiles son unité
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n rêve toujours d’une grande lumière, comme celle du soleil, mais surtout qui serait unique, pleine et non brisée. Ce serait une image de Totalité, et d’Unité aussi, satisfaisante et sidérante à la fois.
Mais la vie n’en fait voir que des éclats. Sur la mer, le soleil, grande étoile, s’atomise en une infinité de petits soleils, ou petites étoiles reflétées. Chute charitable peut-être, car qui peut voir en face l’astre majeur ? Au moins tout de même pouvons-nous en voir des morceaux.
Nous sommes de toute façon voués à cette dispersion. Pour un instant parfait, une aventure pleine, un élan sans mélange, combien de médiocrités nous enlisent, combien de trahisons, de reniements, d’idéaux abandonnés ! Notre lot est l’éparpillement loin de l’Essentiel. De l’Unité perdue, nous n’avons que des morceaux.
Mais comme ils sont beaux, parfois ! Ce sont ici pierreries scintillantes sur moire bleue. Ailleurs, et dans un autre moment, ce sera autre chose, qui nous fera souvenir de la Patrie perdue. Ce sont de petits miracles, qui permettent d’avancer. Comme les disciples du Transfiguré ont dû marcher une fois descendus du Thabor, accompagnés par le souvenir de ce qu’ils ont vu et entendu durant un seul instant.
Je ne sais si le touriste ou le vacancier du bord de mer voit ces choses. Sans doute pas tous. Tout le monde ne se sent pas, comme moi, en exil. Et puis les myriades d’étoiles ne suggèrent pas à tous la chute éparpillée dont j’ai parlé. Certains y verront une décoration offerte à leur vie, une invite engageante pour accompagner leur marche triomphale et dépourvue de doute. Pourquoi pas ?
Mais je les laisse à leur satisfaction. Je préfère ma nostalgie. Mon bleu à l’âme. Un Grand Bleu transpercé d’étoiles...
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Ce texte est tiré de mon livre Quand parlent les images, publié chez Amazon (2025), et commandable sur son site :