Pureté

elle du cyclamen émeut profondément. Mais la nôtre s’est souvent perdue.

Pourquoi ? Parce que nous avons été infidèles aux promesses auxquelles nous étions tenus. Elles viennent de loin, d’un Enfant intérieur que nous portons encore en nous, mais que nous ne voulons plus entendre.

On nous a dit qu’il fallait grandir, mûrir, prendre des responsabilités. Et on nous a fait miroiter cela comme le but normal à atteindre. L’antienne est de toujours. On nous dit depuis le début de notre vie : Tu verras plus tard... Mais plus tard on ne voit rien.

On a beaucoup travaillé à s’élever, quitte à ramper verticalement, et puis parvenu en haut on s’aperçoit que ce n’est que cela... Les rêves, les aspirations, le vert paradis de l’Enfance, on les a laissés derrière. Et on voit enfin ce qu’est une vie d’adulte : une capitulation. On comprend ce qu’est le Démon de Midi des Psaumes : une voix intérieure se faisant de plus en plus forte à partir de la mi-vie, disant que l’on n’est qu’un tricheur.

Comme il était pur, pourtant, le regard de l’Enfant ! Exempt de toute équivoque, droit et franc. Et combien partagé est le nôtre, divisé comme notre cœur, comme aussi nos regards ainsi que nos paroles, si souvent hypocrites et à arrière-pensées : diaboliques au sens propre du mot diaballein, diviser ! Combien gagnerions-nous à retrouver le regard initial, pur et sans mélange !

Il est tout de même en nous, cet Enfant éternel, nous le portons comme saint Christophe porte l’Enfant divin. En réalité, même si le vieil homme le porte, il est porté aussi, par l’Enfant qui le guide et lui montre le chemin. Nombreux sont-ils aussi, les chemins, et c’est à nous de choisir le bon. Puissions-nous aussi être guidés par l’Enfant intérieur vers les seuls vrais paradis, qui sont ceux que l’on a perdus...

... La Lumière filtre à travers les pétales diaphanes du cyclamen...

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Ce texte est tiré de mon livre Quand parlent les images, publié chez Amazon (2025), et commandable sur son site :