Beautés

Je continue la publication ici d'une série de Méditations photographiques, qui seront plus tard publiées en volume.

Celles de l’automne échappent totalement à certains. D’autres les voient, mais n’y prêtent pas beaucoup d’attention. D’autres enfin en sont transpercés.

Sans doute ont-ils plus, dirai-je,  de surface intérieure. Mais est-ce vraiment pour leur bonheur ? Je ne sais. Que se disent-ils alors face à ce qu’ils voient ? Que la nature meurt dans ses plus beaux atours ? Qu’il y a là un symbole à creuser ? Mais c’est si facile... Et si logique aussi...

Comme dans toutes les épiphanies de la Beauté, il y a une sidération à voir la métamorphose de l’histolyse automnale. Mais cette transverbération est bien éphémère, et aussitôt rentré chez soi reviennent les soucis de la médiocrité. La finitude est telle qu’à la Beauté il faut survivre, et si son souvenir peut certes garder celui qui la voit, sa disparition peut aussi le perdre, quand il compare ce qu’il a vu avec ce qu’il vit. Il ne sera plus jamais à ce niveau.

D’où vient que certains pleurent à voir la Beauté ? Sans doute qu’ils pressentent que l’instant qui suivra ils ne la verront plus. Elle s’est dévoilée peut-être pour leur tourment, en leur faisant miroiter un monde qui n’est pas le leur. Si pleurer est se prendre en pitié soi-même, c’est sur leur sort même qu’ils pleurent, et sur une vie si dérisoire à côté de ce qu’ils ont entrevu.

Mais beaucoup trouveront étrange et à eux étrangère cette Beauté transperçante. Pour eux elle n’est qu’avenante, non pas tentatrice et éprouvante, mais consolatrice. C’est si logique...

Ont-ils raison ? Qui le sait ?