Je continue la publication ici d'une série de Méditations photographiques, qui seront plus tard publiées en volume.
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a plupart du temps on aime la lumière extérieure, comme celle qui passe à travers une fenêtre et qui fait aspirer à aller au-dehors, à sortir de soi. Mais sa présence est telle qu’on peut vouloir la filtrer par un rideau, où elle se devine seulement.
Elle peut aussi se refléter dans un miroir, où elle prend une valeur et une présence plus probantes. Il suffit de faire l’expérience : n’importe quel objet, reflété dans un miroir, est plus net, plus essentialisé, étant en plus mis en relief par le cadre, qui le sépare du reste.
De la lumière le miroir renvoie une image nette mais fragmentée. Il nous fait souvenir de la Lumière essentielle, dont il est une trace, un rappel. Une invitation à retrouver une perfection perdue, qu’on ne connaît que par éclats ou bribes.
Il y a un type de miroir sur pied, visible dans cette photo, qu’on appelle une Psyché. Et psyché, en grec, c’est l’âme. Pourquoi ne pas voir alors dans celle-ci un réceptacle, un asile de la Lumière essentielle, qu’elle reflète comme un miroir ? Comme dans la Shekhina hébraïque, qui désigne la présence divine au cœur du sanctuaire ?
Cette présence de toute façon ne peut se soutenir frontalement et en totalité. Aussi est-il besoin de filtres, comme le rideau, ou d’instrument reflétant, comme le miroir, pour en moduler l’intensité. La splendeur de Dieu, dit la kabbale, a eu besoin d’un retrait de celui-ci, le tsimtsoum, pour être supportable à l’homme. De toute façon, on ne peut le voir face à face et continuer de vivre. Et qui pourrait aussi fixer le soleil ?