Je continue la publication ici d'une série de Méditations photographiques, qui seront plus tard publiées en volume.
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oint n’est besoin dans nos vies de voyager loin. L’herbe n’y est pas plus verte de toute façon. Je me demande toujours d’où vient cette constante manie ambulatoire qui affecte mes contemporains. Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que la Lumière est en toi ?
Si donc nous savons voir, tout peut retenir notre attention, comme le moindre rai ou éclat de lumière dans notre pièce, tel celui que montre cette photo. Modeste, mais essentiel.
Même fragile, même menacé, jaillissant hors des ténèbres, cet Essentiel est au fond de nous. Ne cherchons pas pour nous guider une lumière qui est en nous.
Le Verbe, dit l’évangile selon Jean, a dressé sa tente en nous (1/14). Nous en sommes le tabernacle, et ce mot signifie initialement tente en latin. Nul besoin d’église, de synagogue, de mosquée, pas plus que de prêtres ou tiers quelconques pour nous encadrer et diriger, si l’essentiel se trouve en nous, et s’il ne s’agit que de le retrouver.
C’est une infime fraction de la patrie perdue, comme ici le cadrage photographique très resserré le montre. Mais elle nous en donne le souvenir, le désir aussi et la nostalgie, qui est étymologiquement la maladie du retour.
L’évangile selon Luc dit, en un passage que la plupart des traducteurs falsifient (17/21), que le Royaume est à l’intérieur de nous. Il en est donc de lui comme de la Lumière. Tous deux sont au centre de nous-mêmes. Et nous sommes bien, comme disent certains textes chrétiens, des enfants de lumière. Un lumineux foyer, au fond de nous, est là qui nous attire.
... Merci à ce simple coin de fenêtre, qui m’a mené bien loin, plus loin en tout cas que ne vont maints voyageurs qui ne font que se fuir !