Je commence aujourd'hui à publier une série de Méditations photographiques, qui seront ensuite publiées en volume.
Pourquoi s’arrêter à si peu de chose ? Une marche d’escalier, les barreaux d’une rampe ? En eux-mêmes, ils ne sont rien, ou sinon des instruments utiles à l’ascension. Ce qui les rend intéressants, ici, est seulement l’éclairage : ce qu’il montre, et ce qu’il dissimule aussi, dont on dit d’habitude que le mystère s’en alimente.
Je ne m’arrêterai pas à développer l’idée de ce dernier, trouvant facile de l’évoquer à tout propos et quand on ne sait quoi dire d’autre. Simplement je me demande ce qui m’a poussé à faire cette photographie.
La vie ne suffit pas. Il faut à côté la représenter pour mieux la comprendre, et représenter aussi le monde où elle se déroule, les décors qui lui servent de cadre. L’écriture y sert dans son ordre. Et aussi la création d’images. Et le résultat semble plus probant que la vie même. Ainsi le pont d’Avignon n’est plus aujourd’hui qu’une chanson enfantine, mais la chanson a triomphé de lui. Et Mona Lisa est devenue la Joconde.
De mon escalier reste ce fragment. Je n’en suis pas particulièrement fier. Mais dans sa modestie il a résumé, un certain jour et à une certaine heure, ce que j’y ai vu. Je n’étais plus en mode de déambulation automatique. Je me suis arrêté pour contempler. Et cette façon d’être, définalisée, m’a semblé ouvrir une perspective, donner à l’aléatoire de ma vie un certain poids. Dérisoire sans doute. Mais vital pour moi à cet instant.
Je ne vois aucun sens là-dedans, hors la nécessité d’un moment que j’ai vécu – où j’ai vécu.