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Le blog artistique de Michel Théron
Le blog artistique de Michel Théron
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Maquillage

Maquillage

D.R.

Maquillage

... Ce regard est dense parce que maquillé. Du charbon entoure les yeux. Fixes et me fixant. Toute femme qui se maquille ainsi s’arrache à la vie, et fait de son visage une icône. Elle rejoint les masques sacrés, les figures-totems des premiers âges. Nouvelle prêtresse, entourée d’aura ou de feu sacré, elle se dore pour être adorée. De loin... L’idole toujours est faite par la distance, et les dieux ne meurent que d’être parmi nous.

Femme idéale, ou plutôt femme-idée, suis ton destin d’éloignement : tu te pares et te sépares.

Toute figure maquillée est une figure hors-vie. On ne doit pas s’en étonner. La vie est impure, mêlée. Toutes les aspérités et imperfections s’y voient, comme sur une peau laissée naturelle, non maquillée. Pas d’unité en elle – celle que précisément sur le visage le fond de teint donnera. Pas de style dans la vie, pas de stylisation. On n’y peut rien zapper. Il y faut tout prendre, le trivial et l’exceptionnel, le sordide et le noble, le vaudeville et la tragédie. Bien flous et indistincts sont tous nos moments. Il nous faut donc élaguer, gommer, simplifier, pour accuser ce qui reste.

Exactement comme maquiller un visage est lui donner du style, créer un schéma, une épure géométrique. Le khôl, le crayon, l’eye-liner, le mascara pour teindre, allonger ou épaissir les cils, le fard à paupières, etc., amplifient par contraste l’intensité du regard. L’œil s’agrandit d’être ainsi cerné. Sa profondeur s’augmente de l’ombre qui l’entoure. Il s’ouvre sur un au-delà, vraie fenêtre sur l’infini. Artifice évidemment, mais le plus beau.

Portée réellement philosophique du maquillage : non pas dissimuler des défauts pour abuser ou tromper, par exemple pour effacer des ans l’irréparable outrage, mais pour purifier. Viser l’essence derrière la circonstance, l’idée derrière l’événement, l’infini derrière le fini.

Présence absente, tu es éclairée par une lumière autre que la nôtre (ici, le flash). Lumière violente, ignorant les transitions, les passages, d’ici-bas. Lumière d’éternité, ou surnaturelle. On ne voit pas d’où elle provient, et elle semble surgir de la figure même. Exactement comme dans l’icône la source de lumière n’est jamais indiquée, et toute la clarté émane du fond d’or. La lumière n’est pas accidentelle, événementielle, ponctuelle ou circonstanciée (terrestre), mais inondant tous objets, choses et êtres, comme irradiant d’eux-mêmes, profuse ou prodiguée, surnaturelle (céleste ?)...

 

***

Ce passage est extrait du chapitre 3 de mon ouvrage Quand parlent les images - Méditations photographiques, publié chez BoD. Il est disponible en format papier et en format électronique (e-book).

Pour en feuilleter le début, cliquer ci-dessous sur Lire un extrait. Pour l'acheter sur le site de l'éditeur, cliquer sur Vers la librairie BoD :

Quand parlent les images
Théron, Michel
18,00Livre papier
Lire un extrait

DESCRIPTION

Le langage de l'image est celui que nous tenons en la contemplant. Sa signification est celle de notre propre discours intérieur, qu'il convient d'analyser dans tous ses procédés, ce que fait le présent ouvrage. Il est composé de méditations que l'auteur a faites sur des photographies qu'il a réalisées lui-même à partir d'un visage féminin. Ces méditations ne sont pas que didactiques. Elles incluent aussi sensibilité et rêverie. De la sorte, ce livre pourra intéresser (...)

Voici le texte complet de la quatrième de couverture :

Le langage de l'image est celui que nous tenons en la contemplant. Sa signification est celle de notre propre discours intérieur, qu'il convient d'analyser dans tous ses procédés, ce que fait le présent ouvrage.
Il est composé de méditations que l'auteur a faites sur des photographies qu'il a réalisées lui-même à partir d'un visage féminin.
Ces méditations ne sont pas que didactiques. Elles incluent aussi sensibilité et rêverie. De la sorte, ce livre pourra intéresser tous ceux qui en général aiment les images et les mots, ainsi que leur dialogue souvent très fécond.