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n clocher surmonté d’une croix renvoie à l’église qu’il surplombe, et qui incarne la religion chrétienne – cette dernière ne faisant à son tour qu’incarner des textes qu’elle dit sacrés. Cette cascade d’incarnations et de renvois ne serait-elle pas utile pour amorcer une méditation ?
En tout cas elle l’est pour moi. Je me souviens alors que dans l’évangile de Jean il est question d’une vie éternelle, que prodiguera au croyant l’acceptation de la parole christique.
Mais en fait de vie, je ne vois ici que celle des petits oiseaux harmonieusement perchés sur la croix. Je ne sais si l’autre, l’évangélique, intéresse encore beaucoup de gens. J’en doute même, les églises étant aujourd’hui plus vides que pleines, et bien souvent aussi plus fermées qu’ouvertes.
Ma photo m’apparaît alors comme opposant deux mondes, un monde religieux aujourd’hui profondément en déclin, voire en train de disparaître, et l’univers de la nature, qui jusque dans ses plus petits représentants regorge de vie. Et même éphémère individuellement, d’un point de vue général la vie de ces petits êtres est immortelle. Elle se reproduit de génération en génération, sans fin aujourd’hui encore prévisible. C’est cette vie alors qui est réellement éternelle. L’autre, celle de l’église, est historiquement bornée.
Si je voulais faire renaître ici les dieux du paganisme, monde où tout ce qui vit est enchanté, je dirais que ma photo peut leur rendre hommage. Me souvient l’exemple de Julien l’Apostat qui a voulu le faire. Il n’a pas été suivi, et l’Église a triomphé.
Pour un temps seulement je pense... Merci à vous, mes oiseaux, qui m’avez permis de faire ce rappel ! Dans le cimetière de nos croyances, en deuil de toute foi autre, nous nous rappellerons votre vie éternelle.