Look down !

ais si haut que nous voulions monter dans notre recherche de l’idéal et notre refus de la prose de la vie, nous ne pouvons faire que nous ne puissions chuter à telle ou telle occasion, au point de finalement ne plus pouvoir nous reconnaître. On l’a déjà constaté : l’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête.

Pensons à la chute d’Icare, qui à vouloir s’approcher le plus possible du Soleil, image de l’Idéal, a vu fondre ses ailes de cire et a été précipité dans la mer, où il se noya.

Aussi bien cette mer essentielle n’est ennemie du ciel et dangereuse que lorsqu’on ne la reconnaît pas comme une partie de soi et qu’on présume de ses forces pour s’en préserver. Si elle est prise en compte et explorée, si on accepte de lui accorder l’importance qui lui revient, alors elle devient notre alliée. Elle est l’image des instincts profonds, qui peuvent effectivement nous submerger, mais aussi peuvent nous porter, et souvent de façon tout à fait indispensable, si nous savons bien nouer contact avec eux.

Dans la photo ci-contre, prise en plongée, de haut en bas, l’eau sombre qui porte le bateau peut sembler peu avenante et peu sûre, et le reflet en elle du garde-corps, déjà peu net, peut être rendu plus flou à la moindre saute de vent. Mais toute cette inquiétude potentielle est compensée par les fidèles et lumineux cordages de surface qui empêchent la submersion, comme armes de la raison face à l’engloutissement, d’Apollon face à Dionysos...

... Ne redoute point ton obscurité profonde. En elle sont aussi tes forces profondes. Simplement parle avec elle, reconnais-la. Dis-lui : Que me veux-tu ? Et après discussion accorde-lui ce et cela seul que tu es en pouvoir de lui accorder. Telle doit être la transaction : ne l’ignore pas, mais ne capitule pas devant elle. De toute façon, regarde-la, regarde vers le bas – Look down !

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