|
M |
es promenades quotidiennes me mènent souvent à cet endroit près de chez moi, que chaque fois je contemple longuement. Il me semble qu’il passe en moi, et que je le suis moi aussi. La dualité disparaît au bénéfice d’une absorption, d’une fusion. Elle caractérisait mes moments de contemplation quand j’étais enfant, sans qu’évidemment j’y puisse mettre un nom. Et puis, adulte, j’ai appris son nom dans l’hindouisme : advaita (non-dualité). Aussi j’ai lu et commenté l’évangile selon Thomas, où il est question de « faire le deux un ». – Mais cela importe peu au fond. L’essentiel est l’expérience vécue, mieux que les noms dont on l’affuble.
J’y repense à chaque fois, revenu chez moi, comme à un trésor secret, une victoire sur le néant, et aussi un viatique pour le futur. J’ai souvent dit que le souvenir est le gage de l’avenir, et que l’on n’est que pour avoir été. Bien sûr le rêve que l’on fait d’une chose lorsqu’on se la remémore l’embellit bien souvent. Mais pour moi, c’est l’écriture qui parachève tous ces moments de contemplation, donne aux choses une forme de nécessité – un texte que je voudrais tissu densément tissé (textus), et qui chaque fois pourrait défier la vie qui, elle, s’effiloche :
Fais choix d’un lieu où t’arrêter
Vois
L’inclinaison prévenante des arbres
Les reflets grimaçants sur les sillons de l’eau
La bienveillance de l’accueil
Reviens-y souvent
Puis chez toi
Yeux fermés
Rêve-le...
*
Cette photo et ce texte sont extraits de mon ouvrage autobiographique Exil. On peut le commander directement sur le site de l'éditeur BoD. Pour plus de renseignements, cliquer sur l'image ci-après :
> On peut aussi se procurer l'ouvrage en librairie, ou sur les sites de vente en ligne.