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e propre de l’homme, selon Ovide, est de lever la tête et de contempler le ciel. Les animaux ordinairement ne le font pas, et avancent tête baissée, occupés qu’ils sont exclusivement aux choses de la terre. Le ciel ne les retient pas, ainsi que les préoccupations philosophiques ou métaphysiques qui s’y rattachent.
Cette photographie est prise en contreplongée, de bas en haut, et invite par conséquent à regarder vers le haut, vers les mâts, cordages et filins des navires, qui composent une géométrie aérienne sur fond de ciel. C’est vers ce dernier que se porte naturellement le regard, comme vers un dépassement possible de notre situation terrestre.
On peut l’interpréter de diverses façons. Prosaïquement, ce peut-être simplement une invitation au voyage. Mâts et cordages peuvent donner envie de partir à qui est mécontent du lieu où il se trouve. Ils sont en très grand nombre, ceux qui veulent abandonner leur lieu, pensant que ce sera mieux ailleurs. Ils confondent pourtant le voyage effectif avec l’autre, le seul qui compte vraiment, le voyage intérieur...
Le vrai ciel est au fond de soi. C’est l’aspiration à vivre autre chose que ce que l’on connaît, une image de l’idéal que chacun peut se proposer comme but vers lequel tendre, tout au long de son passage ici-bas. C’est rendre augmenté le talent qu’on a reçu. C’est une façon essentielle d’être. Celui à qui suffit son existence n’est pas vraiment vivant.
L’idéal se nourrit de tous nos mécontentements, de tous nos refus d’un monde factice et dégradé. On y est comme attiré vers le haut, aucun pacte n’y peut se faire avec la prose de la vie ordinaire. Tout compromis y devient compromission. Dans chaque moment vécu est une voix intérieure qui nous chuchote : Regarde vers le haut – Look up !
Voir aussi :
Look down ! - Le blog artistique de Michel Théron
D.R. Look down ! M ais si haut que nous voulions monter dans notre recherche de l'idéal et notre refus de la prose de la vie, nous ne pouvons faire que nous ne puissions chuter à telle ou telle ...