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uelle vanité que la peinture, qui attire l’admiration par la ressemblance des choses dont on n’admire point les originaux ! – À cette phase célèbre on peut opposer qu’il ne peut en être autrement, car il est tout naturel de préférer la représentation des choses aux choses elles-mêmes. La première a pour elle la netteté probante, apparemment intangible et échappant au Temps, tandis que les secondes lui sont soumises, indécises et mêlées, et vouées à la dégradation.
Dans ma photo le seul élément réel est le feuillage en haut à gauche. Tout le reste est factice : c’est un trompe-l’œil, une fresque murale. Pourtant l’œil du promeneur s’y laisse surprendre, qui lui fait voir un personnage à sa fenêtre, en habit du xixe siècle, en plein xxie. Cela est dû à la perfection de la représentation, à sa minutie, aux couleurs franches, qui tranchent avec les murs voisins, tous salis et meurtris par l’usure des années. En somme, l’image est plus réelle, au sens de probante, que ce qu’on croit être la réalité, dont ici elle triomphe.
Ce paradoxe est facilement compréhensible. Si un visage s’altère, le tableau qui le représente, ou la photo, ne s’altère pas. Le visage ne peut rivaliser avec eux, comme le Dorian Gray vivant ne le peut avec son portrait peint une fois pour toutes. Ainsi la Joconde a-t-elle triomphé de Mona Lisa. Et cela vaut de tous les systèmes de représentation, qui même de naissance humaine ne sont pas de ce monde. Au cinéma, le cow-boy mythique a remplacé le garçon vacher réel, et en Avignon un vieux pont a cédé sous une chanson enfantine...
... Maintenant, on pourrait renverser la question, et dire que tout art, toute création nous font miroiter, par un aguichage ou un teasing constants, l’existence d’un monde qui, s’il nous attire, nous fait aussi bien souffrir, par comparaison à celui que nous connaissons, et dont ils nous déracinent. Peut-être alors sont-ils, après tout...
... un mal qui nous fait du bien.
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