J’ |
ai été un enfant solitaire, toujours en retrait des autres. Je n’ai jamais été attiré par les jeux violents, qu’on dit pourtant caractériser les garçons. En général, violence et agressivité me faisaient très peur. Aussi maintenant, à l’âge adulte, je trouve dérisoire la forfanterie habituelle qui caractérise et accompagne les comportements qu’on dit virils. Des notions même comme la grandeur, la gloire, l’honneur, où je vois une parfaite soumission au regard des autres, me sont totalement étrangères. – Au moment où j’écris ce texte, la Russie a envahi l’Ukraine depuis huit mois. Et je trouve les notions que je viens de dire totalement incarnées en son président. Ce sont de fausses valeurs, des valeurs de représentation. Aussi je soupçonne qu’on en fait parade pour vaincre une peur qu’on a en soi. Le vrai homme fort n’affiche pas sa force. À l’inverse celui qui s’en vante montre sa faiblesse. Et qui a peur fait peur à son tour.
Je ne me suis jamais senti aussi isolé que dans certaines sociétés, avec lesquelles je n’avais rien à partager. Il me tardait d’être seul avec moi même, de pouvoir enfin m’appartenir, me tenir à part, avant de pouvoir utilement fréquenter les autres: Car la solitude n’est pas l’isolement.
Beata solitudo, sola beatitudo - Bienheureuse solitude, seule béatitude. Je pourrais faire mienne cette devise de Bernard de Clairvaux. Aussi puis-je considérer avec envie le voilier de ma photo, qu’à distance je peux encore dédier à l’enfant que j’ai été, auquel je suis resté fidèle, que je n’ai pas trahi :
Calme et serein
Va ton chemin
Que solitude
Soit ton étude
Loin de la foule
Choisis la houle
Car tu ne peux
Vivre comme eux...
*
Cette photo et ce texte sont extraits de mon ouvrage autobiographique Exil. On peut le commander directement sur le site de l'éditeur BoD. Pour plus de renseignements, cliquer sur l'image ci-après :
> On peut aussi se procurer l'ouvrage en librairie, ou sur les sites de vente en ligne (diffusion : SODIS).