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ai eu très tôt la vision d’instants lumineux et privilégiés , où, le temps étant suspendu, j’ai goûté l’éternité. Me l’ont fait pressentir par exemple, comme l’illustre ma photo, les oliviers de ma campagne méridionale, sous un ciel sans nuage et balayé par le mistral. Cela ne peut, je crois, m’être enlevé.
Ensuite bien sûr j’ai vécu, et comme tout le monde j’ai assisté au refroidissement de cet Essentiel que j’avais entrevu. J’ai vu sur toutes choses se déposer la rouille du Temps. Et m’a envahi une mélancolie sur fond de regrets, visible à la fin du sonnet ci-après.
Mais maintenant je crois que les élans de l’enfance peuvent revivre, et que la vision pessimiste de l’existence que j’ai pu avoir naguère n’est pas le dernier mot. Je le pense en effet aujourd’hui, et puisse ce recueil le montrer : Il n’y a jamais de dernier mot !
Dans mon enfance il y eut des éclairs de lumière
Où l’ombre recula devant l’éternité,
Et maintenant, quand je referme mes paupières,
Je revois le vent bleu tordant les oliviers.
Plus jamais ne seront tous ces instants magiques.
Mais quand viendra mon jour de refermer les yeux
Je les emporterai comme seul viatique :
Le seul pays où plein d’espoir je fus heureux.
La vie passe toujours en piétinant les rêves,
Mais on reste rongé par un désir sans trêve
En pensant que demain apportera du mieux.
Ce qu’on a désiré, pourtant on ne l’a pas,
Et ce qu’on a, sait-on si on le désira ?
On reste seul alors face au vide des cieux.
*
Cette photo et ce texte sont extraits de mon ouvrage autobiographique Instants de lumière. On peut le commander directement sur le site de l'éditeur BoD. Pour plus de renseignements, cliquer sur l'image ci-après :
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