Une lumière dans la nuit

aime bien souvent inverser les proverbes, dont pourtant on nous dit qu’ils sont la sagesse des nations. Elle est bien fragile, cette sagesse, quand on peut trouver un sens à l’exact contraire de ce qu’elle nous dit.

Ainsi au lieu de dire : « On ne peut pas être et avoir été », je propose de dire : « On peut être pour avoir été ». Et ce n’est pas par gratuité. Il me semble que le souvenir d’un instant qui a été peut constituer pour nous un viatique pour le futur. Bien souvent, dans le noir de nos vies, c’est un souvenir lumineux qui nous permet d’avancer quand même, et d’envisager l’avenir.

Les petites flammes de ces bougies défient à mes yeux le néant et la nuit. La vision que nous en aurons eue s’imprimera sous nos paupières, et nous accompagnera, même une fois éteintes, disparues loin dernière nous. Nous nous souviendrons de cet instant, qui ne peut nous être enlevé. Dieu lui-même, disait le sage Agathon, ne peut faire que ce qui a été n’ait pas été. Aussi de cet instant nous pouvons tirer une part, essentielle bien souvent, de notre être. Alors on peut bien être pour avoir été :

Quand les rêves se sont enfuis
Et qu’aucune illusion ne reste,
Surgit le miracle modeste
D’une lumière dans la nuit.

On ne sait rien de l’avenir,
Mais il y eut un moment magique
Où dans un cœur mélancolique
S’imprima le beau souvenir

D’une heure où la nuit s’effaça.
Toutes choses sont dérisoires :
Au moins demeure la mémoire
D’un instant qui nous transperça...

*

Cette photo et ce texte sont extraits de mon ouvrage autobiographique Instants de lumière. On peut le commander directement sur le site de l'éditeur BoD. Pour plus de renseignements, cliquer sur l'image ci-après :

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