Sur un banc

homme descend du Songe. J’ai toujours pensé que l’imagination est chez lui une qualité majeure. Elle permet d’échapper au simple être-là des choses, pour rêver au rôle qu’elles pourraient jouer dans d’autres situations que la présente, et aux différentes histoires auxquels elles peuvent correspondre.

L’enfant est de même spontanément animiste : il fait jouer les objets qu’il voit dans des pièces à sa façon. Metteur en scène infatigable, il distribue les emplois, distingue les personnages, invente toutes les fictions possibles.

J’ai été cet enfant, et je peux m’amuser maintenant à retrouver son esprit face à n’importe quel objet. Ainsi devant le banc vide ci-contre, j’ai laissé vagabonder ma rêverie. Et cet objet inanimé a acquis, comme dit le poète, une âme. Le modeste ustensile public m’a servi de décor pour inventer nombre de petits récits. J’y ai trouvé plaisir, et sans doute y a t-il des occupations plus méprisables...

Sur un banc
Il y a
Des vieilles personnes fatiguées
Des amoureux qui s’aiment
Des qui se disputent
Des qui regardent
Des qui réfléchissent
Des qui se souviennent
Des qui regrettent
Des qui espèrent
Des qui désespèrent
Des qui vont arriver
Des qui sont déjà partis
Et puis rien
Que le soleil qui joue
Avec l’ombre

*

Cette photo et ce texte sont extraits de mon ouvrage autobiographique Instants de lumière. On peut le commander directement sur le site de l'éditeur BoD. Pour plus de renseignements, cliquer sur l'image ci-après :

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