Voir au-delà

ous ne voyons d’habitude que ce qui nous touche directement. Je dirai, au vu de ce qui saute aux yeux dans cette photo, que nous en restons à un regard de premier plan.

Pourtant l’au-delà de la vision immédiate, la vision d’arrière-plan peut considérablement relativiser ce qui d’abord nous atteint et seul focalise notre attention. La mer dorée le soir n’est-elle pas plus importante que la couronne d’épines, de fâcheuse mémoire en culture chrétienne ?

Essayons-nous donc toujours à voir au-delà de ce qui nous occupe au point de nous rendre aveugle au reste. Ne confondons pas tel événement ponctuel de notre vie avec un ensemble qui le relativisera aisément. D’être aujourd’hui voilé il n’en existe pas moins si on le révèle à la lumière. De toute façon on ne sait rien des choses, de leur importance réelle, de leur évolution future. Tel bonheur prépare des peines, et tel malheur des félicités. Le soleil luit pour tout le monde.

Si donc les épines aujourd’hui te blessent, tu ne sais pas si demain elles ne s’écarteront pas en révélant, derrière elles, comme ici, une mer éblouissante. N’en reste pas à ton impression première, elle est toujours partielle et partiale.

Mieux, que dirais-tu si l’éblouissement était constant dans ta vie ? Il n’aurait plus sans doute la même intensité, il doit venir après l’épreuve, caché derrière elle. Sans elle pour donner du relief, il serait peut-être banal.

Comme cette photo ne serait qu’un cliché, une image kitsch, si on lui enlevait son premier plan.