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e sont nos deux demeures. Et l’arbre les figure à merveille, solidement planté dans le sol dont il tire sa substance par ses racines, et d’autre part tendant irrépressiblement vers un ciel visible entre ses branches, comme autant de clairières défiant notre obscurité.
Aussi nous est-il extrêmement proche, et nous invite-t-il à prendre modèle sur lui. Parfois, comme ici, la surface lisse d’un tronc, caressée par le soleil, fait penser à un corps humain modelé de lumière, qu’à notre tour nous avons envie de caresser, en manière de sylvothérapie. Ces bras même qui s’élèvent vers le ciel sont à notre image, et leur nudité ici n’a rien d’effrayant : automne et hiver ne sont que des pauses dans le grand cycle de la vie.
Nouvel Antée, l’arbre est fort de toute la puissance de la terre qui lui donne sa sève. Et de même nous venons du lieu qui nous a vus naître, que nous aurions bien tort de renier. N’imitons pas ces touristes en apesanteur qui arpentent aujourd’hui le monde, et qui pour visiter tous les lieux n’appartiennent à aucun. Contemporains amnésiques, vous perdez jusqu’à la poussière de votre nom !
Mais aussi notre autre patrie est bien ce ciel vers lequel souvent nous levons la tête, à la différence des autres animaux. Il incarne toutes nos aspirations et tous nos rêves. Même si ces derniers peuvent nous tromper, ils sont la substance même de notre être. Que serions-nous, sans le secours de ce qui n’existe pas ?
Bien sûr après avoir été quelques instants sur terre, nous serons dessous, et pour toujours. Mais au moins dans cette vie avons-nous été occupés par ces échappées célestes, à quoi les arbres, nos fidèles alliés, nous invitent toujours. Aucun n’offusque le ciel, tous le laissent transparaître.
Ramures divines, criblées d’idéal, vous êtes les fenêtres de l’Essentiel.
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