Tout un monde lointain...

ares sont les moments où nous regardons sous nos pieds. Tout pris par nos occupations, nous sommes aveugles à beaucoup de choses, et ne pensons même pas qu’existent des perspectives dignes de contemplation, autres que celles que nous délivre notre vision étroitement finalisée.

Pourtant baisser les yeux ici ouvre à un autre monde, lointain et proche à la fois. Éloigné, car il diffère de ce que nous voyons, ou plutôt pensons d’habitude : aucun mât de bateau ne peut plonger dans l’eau en y entraînant ses cordages. Pourtant c’est ce que nous voyons ici, et aussi ce monde est si proche qu’on pourrait le toucher. Le reflet est sur le même plan visuel que la partie émergée du bateau.

Ce dernier donc est double. Une moitié est dévolue à la surface, et l’autre à la profondeur.

Si maintenant je cherche un symbole à ce que je vois, je peux y voir la dualité même de l’être humain. Il est constitué d’une conscience éveillée et, croit-elle, totalement directrice de l’ensemble. Et à côté, d’une profondeur plus ou moins inconsciente, attirante ou redoutable selon les cas, sur lequel la première s’appuie. C’est ici la part du reflet.

Homo duplex. L’homme est double. Suivant la météo ambiante, la force du vent, le reflet du bateau dans l’eau est comme ici calme et rassurant, ou bien au contraire agité et menaçant. De même, le monde lointain de nos profondeurs est serein quand nous sommes en accord avec lui, ou bien dangereux à affronter si nous sommes avec lui en opposition. Peut-on apaiser alors la tempête qui alors brouille lignes et plans ? On ne peut le faire toujours. Et faut-il toujours la redouter ?

On peut en effet en prendre leçon, et sans doute faut-il la remercier pour nous montrer sur quoi nous reposons.

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