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ontre la nuit qui vient s’élève le rempart de la lumière. Il éclairera les rues, permettra d’y aller et venir avec moins d’appréhension. L’électricité est notre nouvelle fée.
Comparable est notre vie. Elle tente d’opposer à la nuit finale et fatale ses petits luminaires à elle, ses petites lumières, qui sont des récits et des fictions sans nombre, pour un temps salvateurs. Ce qui nous caractérise, c’est cette fonction fabulatrice. Sans le langage, sans la capacité d’expression symbolique en général, nous ne serions qu’un animal.
Ainsi nous détachons-nous du monde de la nature, qui ne connaît que des faits et de l’immédiat, pour entrer dans celui de la culture humaine, qui est le monde des fictions, des contes et des rêves : monde des fées. Il permet la projection dans le futur, l’anticipation, la perspective.
L’homme descend du Songe. Il est le fils des rêves qu’il fait, des constructions qu’il élabore. Il croit à la réalité de ce qu’il invente, en vertu de ce pouvoir performatif du langage qui donne l’illusion de faire arriver ce qu’il énonce. Tant que le crédit, la fiducia sont accordés à ces constructions, on s’y éclaire et réchauffe, et on brave la perspective du dernier moment. Mais il arrive tôt ou tard hélas ! Et le dernier acte est sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le reste. On jette un peu de terre sur la tête, et c’en est fini pour jamais.
Il faut aimer les métaphores : elles ont un pouvoir de découverte, ou euristique. Je me plais donc à voir en nos luminaires l’image des fictions auxquelles nous donnons crédit, pour faire reculer la nuit. Ces globes éclairés peuvent signifier pour nous des sphères d’espoir, et sur notre chemin de vie des provisions de route, littéralement des viatiques. C’est comme un rêve, une grande toile fantasmagorique que nous dressons devant nos yeux, pour répondre à notre angoisse de toujours. Ne nous hâtons pas de lever le voile. S’éveiller ici c’est mourir.
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