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omme les Rois Mages de la légende, chacun doit suivre son étoile. Elle figure son aspiration profonde, quelle qu’elle soit. Et elle incarne dans tous les cas le but à atteindre. Il importe donc de bien la trouver.
Nous ne sommes pas ce que nous sommes. Entendez que nous ne sommes pas ordinairement ce que nous sommes essentiellement. Même l’être le plus déchu ou déshérité a au fond de lui une petite lumière qui l’appelle à être autre qu’il n’est. C’est son étoile à lui, la transcendance qui lui est propre. Et se vérifie la formule connue, qui dit que l’homme passe infiniment l’homme.
Un bon ouvrier par exemple cherche plus que son salaire : la satisfaction du travail bien fait, et l’approbation d’autrui à son sujet. Que serait un homme qui n’éprouverait pas en lui la présence d’un idéal, moins de se dépasser comme on dit d’habitude, que de se trouver vraiment – tel qu’il est au fond de lui-même ? En est-il qui ne sentent jamais en eux la présence de l’étoile ? Ou qui ne s’occupent pas de faire fructifier le talent qu’ils ont reçu, et de le rendre augmenté ?
Il me semble que l’importance pour chacun est d’être réuni à soi-même, à ce qu’on a, dirai- je, de plus soi en soi. L’étoile incarne ce désir de devenir ce qu’on est, de s’arracher à toute vie d’artifice comme celle qu’impose souvent la société.
Quand elle est contemplée, l’étoile (en latin sidus) crée proprement une sidération. On s’identifie à elle, on se fond en elle. Malheureusement ensuite, du fait de la finitude ordinaire, elle peut s’éloigner, et le désastre nous affecter. D’elle restent en nous à la fois le regret et le désir (desiderium), regret de l’avoir perdue, et désir de la voir encore. Il faut la garder au fond de soi comme le viatique le plus précieux, ce qui fait de nous un être humain.
… Mais si on désespère d’être une étoile dans le ciel, on peut au moins être une lampe dans la maison…
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